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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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L’espace d’un instant, Justin resta pétrifié, puis il se fit<br />

téméraire. « Dis ce que tu veux, Bâtard. Personne ne te croira si<br />

nous nions tes assertions.<br />

ŕ Aie au moins le bon sens de te taire », déclara Sereine.<br />

Elle avançait sur moi comme un navire toutes voiles dehors ; je<br />

ne bougeai pas d’un pouce et elle <strong>du</strong>t me frôler pour saisir<br />

Justin par le bras, comme elle l’eût fait d’un panier oublié dans<br />

un coin.<br />

« Se taire, c’est une autre façon de mentir, Sereine. » Elle<br />

était en train d’entraîner Justin. « Tu sais que le roi Vérité est<br />

toujours vivant ! criai-je après eux. T’imagines-tu qu’il ne<br />

reviendra jamais ? Que vous ne devrez jamais répondre <strong>du</strong><br />

mensonge de votre vie ? »<br />

Ils tournèrent un coin et disparurent, me laissant à<br />

ruminer ma fureur et à me maudire d’avoir clamé à la<br />

cantonade ce qui devait encore demeurer secret ; mais l’incident<br />

m’avait mis d’humeur agressive. Je continuai à rôder dans le<br />

Château. C’était le branle-bas aux cuisines et Mijote n’avait pas<br />

de temps à me consacrer, sauf pour me demander si j’avais<br />

appris qu’on avait trouvé un serpent sur la pierre de la grande<br />

cheminée ; je répondis qu’il avait dû se glisser dans la réserve de<br />

bois pour y passer l’hiver et qu’on l’en avait tiré en même temps<br />

qu’une bûche ; la chaleur l’avait sans doute réveillé. Elle secoua<br />

la tête en disant qu’elle n’avait jamais rien enten<strong>du</strong> de tel, mais<br />

que cela augurait <strong>du</strong> malheur ; elle me raconta de nouveau<br />

l’histoire <strong>du</strong> Grêlé près <strong>du</strong> puits, mais y ajoutant qu’il avait bu<br />

au seau et que l’eau qui avait coulé sur son menton était rouge<br />

comme le sang. D’ailleurs, elle faisait désormais tirer l’eau pour<br />

la cuisine <strong>du</strong> puits situé dans la cour des lavandières : elle ne<br />

tenait pas à ce que les invités s’écroulent raides morts à sa table.<br />

Après cette note optimiste, je quittai les cuisines, non sans<br />

avoir chapardé quelques gâteaux sucrés sur un plateau. Je<br />

n’avais pas fait quelques pas qu’un page apparut devant moi.<br />

« FitzChevalerie, fils de Chevalerie ? » me demanda-t-il d’un ton<br />

circonspect.<br />

Ses larges pommettes le désignaient comme probablement<br />

d’origine béarnoise et je découvris en effet la fleur jaune,<br />

emblème de Béarns, cousue sur son pourpoint rapiécé. Pour un<br />

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