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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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en train de faire à Célérité ? Molly avait-elle raison pour nous<br />

deux ?<br />

Plus tard dans la soirée, j’allai présenter mes respects à<br />

mon roi. Il ne m’avait pas fait appeler, je ne m’y rendais pas non<br />

plus pour lui parler de Célérité, et je me demandais si c’était<br />

Vérité qui m’y poussait ou mon cœur qui m’interdisait de<br />

l’abandonner. Murfès me laissa entrer d’un air mécontent, en<br />

m’avertissant que le roi n’était pas encore complètement remis<br />

et que je ne devais pas le fatiguer.<br />

Le roi Subtil était installé dans un fauteuil devant sa<br />

cheminée. L’air de la chambre était lourd de l’odeur écœurante<br />

de la Fumée ; le fou, dont le visage présentait toujours une<br />

intéressante composition de pourpres et de bleus, était accroupi<br />

aux pieds <strong>du</strong> roi et, de ce fait, se trouvait heureusement en<br />

dessous <strong>du</strong> niveau le plus acre de la brume. Je n’eus pas cette<br />

chance et <strong>du</strong>s accepter le tabouret bas que Murfès eut la<br />

sollicitude de m’apporter.<br />

Quelques instants après que je me fus présenté, puis assis,<br />

le roi se tourna vers moi. Il me dévisagea pendant quelques<br />

secondes avec des yeux larmoyants, la tête branlante. « Ah,<br />

Fitz ! fit-il enfin. Comment vont tes leçons ? Maître Geairepu<br />

est-il satisfait de tes progrès ? »<br />

Je jetai un coup d’œil au fou qui refusa de croiser mon<br />

regard et continua de tisonner le feu d’un air morose.<br />

« Oui, répondis-je à mi-voix. Il dit que ma calligraphie est<br />

bonne.<br />

ŕ Tant mieux. Une main claire, voilà un talent dont on<br />

peut être fier. Et notre marché ? En ai-je tenu ma part ? »<br />

De nouveau notre vieille antienne. Encore une fois, je<br />

réfléchis aux termes qu’il m’avait proposés : il devait me<br />

nourrir, me vêtir et m’instruire, et, en retour, je lui devais une<br />

loyauté absolue. Les paroles familières me firent sourire, mais<br />

ma gorge se serra en songeant à l’état de l’homme qui les<br />

prononçait et à ce qu’elles me coûtaient.<br />

« Oui, monseigneur.<br />

ŕ Très bien. Alors, veille à tenir aussi la tienne. » Il se<br />

laissa aller lourdement contre son dossier.<br />

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