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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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notre issue secrète au cas où j’eusse été surveillé. J’étais<br />

constamment aux aguets, l’oreille ten<strong>du</strong>e, et le fait que rien ne<br />

se pro<strong>du</strong>isît faisait de mon attente une torture raffinée.<br />

J’allais tout de même voir le roi Subtil tous les jours et je le<br />

voyais dépérir petit à petit, le fou devenir plus morose, son<br />

humour s’aigrir. J’appelais de mes vœux une violente tempête<br />

d’hiver qui s’harmoniserait à mon humeur mais le ciel<br />

demeurait bleu et le vent calme. Les murs de Castelcerf<br />

retentissaient <strong>du</strong> charivari des réjouissances ; des bals étaient<br />

organisés et des concours où les ménestrels rivalisaient pour<br />

remporter quelque bourse replète. Les <strong>du</strong>cs et les nobles de<br />

l’Intérieur se régalaient à la table de <strong>Royal</strong> et buvaient en sa<br />

compagnie jusque tard dans la nuit.<br />

« On dirait des tiques sur un chien en train de crever ! »<br />

m’exclamai-je violemment un jour que je changeais le<br />

pansement de Burrich ; il venait d’observer qu’il n’avait guère<br />

de mal à rester éveillé, la nuit, devant la porte de Kettricken, car<br />

le tintamarre des fêtes lui aurait de toute manière interdit de<br />

fermer l’œil.<br />

« Qui est en train de crever ? demanda-t-il.<br />

ŕ Nous tous ; jour après jour, nous crevons tous !<br />

Personne ne te l’a jamais appris ? Mais ta jambe guérit, elle, et<br />

sacrement bien, vu ce que tu lui as fait subir ! »<br />

Il baissa les yeux sur sa jambe nue et la plia<br />

précautionneusement : le tissu cicatriciel se tendit, mais tint<br />

bon. « C’est peut-être fermé en surface, mais je sens que ce n’est<br />

pas guéri à l’intérieur », fit-il, et ce n’était pas une plainte. Il prit<br />

sa coupe d’eau-de-vie et la vida, et je lui lançai un coup d’œil<br />

acéré. Ses journées s’étaient coulées dans une routine bien<br />

ancrée : quand il quittait la porte de Kettricken le matin, il<br />

descendait manger aux cuisines, puis il remontait dans sa<br />

chambre et commençait à boire ; après mon passage pour<br />

l’aider à changer son pansement, il continuait à boire jusqu’à ce<br />

qu’il fût l’heure pour lui de dormir, puis il se réveillait le soir,<br />

juste à temps pour dîner et reprendre sa place devant les<br />

appartements de Kettricken. Il n’intervenait plus dans les<br />

écuries ; il en avait confié l’entière responsabilité à Pognes qui<br />

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