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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Elle ne répondit pas tout de suite, comme si elle n’en savait<br />

rien elle-même, puis secoua la tête d’un air éper<strong>du</strong>. « Pas<br />

comme tu le crains. Il m’a simplement... tenue à terre, en riant<br />

aux éclats. L’autre a dit... il a dit que j’étais vraiment idiote de<br />

laisser un bâtard se servir de moi. Ils ont dit... »<br />

Encore une fois, elle s’interrompit. Ce qu’ils lui avaient dit,<br />

les noms dont ils l’avaient traitée étaient trop affreux pour<br />

qu’elle pût me les répéter ; et ce me fut comme un coup de<br />

poignard au cœur qu’ils aient pu lui faire mal au point qu’elle ne<br />

veuille même pas partager sa douleur avec moi. « Ils m’ont mise<br />

en garde, reprit-elle enfin. Ils m’ont dit : « Tiens-toi à l’écart <strong>du</strong><br />

bâtard, ne fais pas son sale travail à sa place. » Ils ont dit... des<br />

choses que je n’ai pas comprises, à propos de messages,<br />

d’espions et de trahison ; ils ont dit qu’ils pouvaient mettre tout<br />

le monde au courant que j’étais la putain <strong>du</strong> bâtard. » Elle avait<br />

voulu prononcer l’épithète calmement, mais n’avait pu<br />

s’empêcher de l’accentuer, comme pour voir si j’allais broncher.<br />

« Et puis ils ont dit... que j’allais finir pen<strong>du</strong>e... si je ne faisais<br />

pas attention, que faire les commissions d’un traître, c’était être<br />

traître soi-même. » Soudain sa voix devint étrangement calme.<br />

« Ensuite, ils m’ont craché dessus, et ils sont partis. J’ai enten<strong>du</strong><br />

leurs chevaux s’éloigner mais, pendant un long moment, j’ai eu<br />

peur de me relever. Jamais je n’ai été aussi terrifiée de ma vie. »<br />

Elle me regarda et ses yeux étaient comme deux plaies vives.<br />

« Même mon père me m’a jamais terrorisée à ce point. »<br />

Je la serrai contre moi. « Tout est ma faute. » Elle s’écarta<br />

de moi pour me regarder d’un air perplexe et je compris que<br />

j’avais pensé tout haut.<br />

« Ta faute ? Tu as fait quelque chose ?<br />

ŕ Non. Je ne suis pas un traître mais je suis un bâtard et, à<br />

cause de moi, ça retombe sur toi. Tous les avertissements de<br />

Patience, tous ceux d’Um... tous ceux que les uns et les autres<br />

m’ont donnés sont en train de se réaliser. Et je t’y ai entraînée.<br />

ŕ Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle doucement, les yeux<br />

agrandis. Le souffle lui manqua soudain. « Tu as dit... que les<br />

gardes t’ont empêché de passer les portes, que tu n’avais pas le<br />

droit de quitter Castelcerf... Pourquoi ?<br />

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