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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Je m’étais écarté de lui quand il m’avait craché au visage ; à<br />

présent, loin de la porte, je chancelais tandis qu’accroché aux<br />

barreaux il me regardait fixement, les yeux agrandis et brillants<br />

de folie et de boisson.<br />

« Puisque tu es si doué pour le Vif, à ce qu’il paraît,<br />

pourquoi tu ne te changes pas en rat pour te tirer d’ici ? Hein ? »<br />

Il appuya le front contre les barreaux et, sans me quitter des<br />

yeux, ajouta d’un ton presque pensif : « Mieux vaut ça que finir<br />

pen<strong>du</strong>, mon chiot : change-toi en bête et sauve-toi la queue<br />

entre les jambes. Si tu peux... je l’ai enten<strong>du</strong> dire... on raconte<br />

que tu peux te transformer en loup... Eh bien, si tu n’en es pas<br />

capable, la corde est pour toi. <strong>La</strong> corde qui t’étrangle pendant<br />

que tu donnes des coups de pied dans le vide... » Sa voix<br />

mourut. Ses yeux noirs plongèrent dans les miens ; l’alcool les<br />

faisait pleurer. « Mieux vaut que tu crèves ici que pen<strong>du</strong>. »<br />

Soudain la rage parut l’envahir. « Je pourrais bien t’aider à<br />

crever ici, moi ! fit-il, les dents serrées. Mieux vaut que tu<br />

meures à ma façon qu’à celle de <strong>Royal</strong> ! » Et, les mains autour<br />

des barreaux, il se mit à secouer violemment la porte.<br />

Les gardes intervinrent aussitôt en jurant et s’efforcèrent<br />

de le tirer en arrière, mais il ne leur prêta nulle attention. Le<br />

vieux <strong>La</strong>me sautillait sur place derrière eux en plaidant : « Allez,<br />

laisse tomber, Burrich, tu as dit ce que tu voulais dire, on s’en<br />

va, maintenant, on s’en va avant d’avoir des ennuis,<br />

camarade ! »<br />

Les gardes n’arrivèrent pas à l’arracher à la porte : il lâcha<br />

brusquement prise et laissa tomber ses bras le long de son<br />

corps, et les hommes, surpris, partirent à la renverse en<br />

l’entraînant dans leur chute. Je pressai mon visage contre les<br />

barreaux.<br />

« Burrich (j’avais <strong>du</strong> mal à articuler), je ne voulais pas te<br />

faire de mal. Je regrette. » Je pris une inspiration en cherchant<br />

des mots qui soulageraient le tourment que je lisais dans ses<br />

yeux. « On ne peut rien te reprocher : tu as fait ce que tu<br />

pouvais avec moi. »<br />

Il secoua la tête, le visage tor<strong>du</strong> de douleur et de colère.<br />

« Allonge-toi et crève, petit. Crève, c’est tout. » Et il s’en alla.<br />

<strong>La</strong>me le suivit à reculons en bafouillant des excuses aux gardes<br />

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