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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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« Il est réveillé. » Il leva de nouveau l’index d’un air<br />

nonchalant. « Verde, il est à toi ; mais fais attention à son nez ;<br />

ne touche pas sa figure. Le reste de sa personne, on peut<br />

facilement le dissimuler. »<br />

Verde entreprit de me mettre debout, puis de me jeter à<br />

terre à coups de poing. Je me lassai de ce jeu longtemps avant<br />

lui. Le sol m’infligeait autant de dégâts que ses poings. Je<br />

n’arrivais pas à me tenir droit ni à lever les bras pour me<br />

protéger ; aussi me renfonçais-je en moi en me faisant de plus<br />

en plus petit et je demeurais ainsi tapi jusqu’à ce que la<br />

souffrance me force à ressortir de moi-même et à me battre, en<br />

général juste avant que je perde connaissance. Je remarquai<br />

autre chose : le plaisir de <strong>Royal</strong>. Il ne voulait pas me ligoter et<br />

me faire mal : il voulait me voir me débattre, essayer en vain de<br />

rendre les coups. Il surveillait aussi ses gardes, sans doute pour<br />

repérer ceux qui détournaient les yeux de son divertissement ; il<br />

se servait de moi pour prendre leur mesure. J’essayai de rester<br />

indifférent à sa délectation : seul comptait de maintenir mes<br />

murailles dressées et d’empêcher Guillot d’entrer dans ma tête :<br />

telle était la bataille que je devais remporter.<br />

Quand je me réveillai pour la quatrième fois, j’étais éten<strong>du</strong><br />

par terre dans ma cellule. C’était un bruit effrayant, à la fois<br />

gargouillant et sifflant, qui m’avait tiré de l’inconscience : le<br />

bruit de ma respiration. Je demeurai quelque temps sans<br />

bouger, puis je levai la main et, à tâtons, tirai le manteau de<br />

Brondy qui tomba en me recouvrant partiellement, après quoi je<br />

restai immobile. Les gardes avaient suivi les consignes de<br />

<strong>Royal</strong> : je n’avais rien de cassé. J’avais mal partout, mais mes os<br />

étaient intacts. Ils ne m’avaient infligé que de la souffrance. Je<br />

ne risquais pas de mourir.<br />

Je m’approchai en rampant <strong>du</strong> pot d’eau ; je ne décrirai pas<br />

le supplice que j’en<strong>du</strong>rai à le soulever pour boire. Mes<br />

tentatives, en début de séance, pour me défendre m’avaient<br />

laissé les mains enflées et cuisantes, et c’est en vain que je<br />

m’efforçai d’empêcher le bord <strong>du</strong> pot de cogner contre mes<br />

lèvres, mais je réussis finalement à me désaltérer. L’eau me<br />

rendit quelque vigueur et me rendit encore plus sensible à la<br />

multiplicité de mes douleurs. Ma demi-miche de pain se<br />

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