14.07.2013 Views

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

lame sera l’instrument de votre vengeance. » Je lui baisai la<br />

main et le laissai devant le feu.<br />

Les étincelles azur que crachaient les bougies m’avaient<br />

paru déconcertantes, mais l’éclat bleu des torches <strong>du</strong> couloir<br />

était franchement surnaturel : on avait l’impression de plonger<br />

le regard dans des eaux profondes et immobiles. Je me mis à<br />

courir tout en gloussant sans raison. En dessous, j’entendais des<br />

éclats de voix, celle de Murfès plus aiguë que les autres : des<br />

flammes bleues ! « Le Grêlé ! » criait-il. Le temps n’avait pas<br />

autant passé que je le craignais, et à présent il m’attendait ;<br />

léger comme la brise, je parcourus le couloir au pas de course,<br />

trouvai une porte ouverte et la franchis. Là, je pris patience. Il<br />

leur fallut une éternité pour monter l’escalier et davantage<br />

encore pour passer devant ma porte. J’attendis qu’ils fussent<br />

entrés chez le roi et, quand j’entendis les premiers cris d’alarme,<br />

je bondis hors de ma cachette et m’élançai dans les escaliers.<br />

Quelqu’un s’exclama, mais nul ne me poursuivit, et j’étais<br />

au pied des marches quand une voix donna enfin l’ordre de me<br />

rattraper. J’éclatai de rire : comme s’ils en étaient capables ! Le<br />

château de Castelcerf était un dédale de couloirs secondaires et<br />

de passages réservés au service parfaitement connus d’un<br />

garçon qui y avait grandi. Je savais où je voulais me rendre,<br />

mais je ne pris pas le chemin le plus direct ; je courais tel un<br />

renard, faisant une brève apparition dans la Grand-Salle,<br />

survolant les pavés de la cour des lavandières, terrifiant Mijote<br />

en traversant ses cuisines à toute allure. Et toujours, toujours,<br />

les blêmes doigts d’Art me griffaient, me palpaient, sans savoir<br />

que j’arrivais, mes chéris, j’arrivais pour m’occuper de vous.<br />

Galen, qui était né et avait grandi en Bauge, avait toujours<br />

détesté la mer. Il en avait peur, je pense, et ses appartements se<br />

trouvaient donc <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> Château face aux montagnes. Après<br />

sa mort, j’avais appris qu’on en avait fait une sorte de mausolée<br />

à sa mémoire ; Sereine s’était installée dans sa chambre, mais le<br />

salon servait de salle de réunion pour le clan. Je n’y avais jamais<br />

été mais je connaissais le chemin. Je m’engageai dans l’escalier<br />

comme une flèche en vol, croisai dans le couloir un couple pris<br />

dans une étreinte passionnée et pilai devant la lourde porte<br />

bardée de fer. Mais un huis épais qui n’est pas convenablement<br />

- 347 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!