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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Il saute dans le trou qu’il a fait. Il y a des blocs gelés de<br />

terre noire sur la neige propre. Il atterrit avec le bruit des bois<br />

d’un cerf contre un arbre. Il s’accroupit et nous entendons un<br />

craquement. Il se sert d’un outil qui cogne et casse. Nous nous<br />

asseyons pour l’observer, la queue enroulée autour des pattes<br />

avant pour les réchauffer. Qu’avons-nous à faire ici ? Nous<br />

sommes rassasiés, nous pourrions aller dormir. Il nous regarde<br />

soudain dans la nuit.<br />

Attends. Attends encore un peu.<br />

Il gronde à l’adresse de l’autre qui approche la lumière <strong>du</strong><br />

trou. Cœur de la Meute courbe le dos et l’autre se baisse pour<br />

l’aider. Ils sortent quelque chose <strong>du</strong> trou. L’odeur nous hérisse<br />

le poil ; nous nous dressons d’un bond, nous essayons de nous<br />

enfuir, nous tournons en rond, nous ne pouvons pas partir. Il y<br />

a de la peur ici, <strong>du</strong> danger, une menace de souffrance, de<br />

solitude, de fin.<br />

Venez. Venez nous rejoindre, venez. Nous avons besoin de<br />

vous, maintenant. Il est temps.<br />

Il n’est pas temps. Le temps est toujours, il est partout.<br />

Vous avez besoin de nous, mais nous ne voulons peut-être pas<br />

que vous ayez besoin de nous. Nous avons de la viande, un trou<br />

chaud où dormir et encore de la viande pour une autre fois. Le<br />

ventre plein, un repaire douillet, que nous faut-il d’autre ? Et<br />

pourtant, nous allons nous approcher, nous allons renifler, nous<br />

allons voir ce qui menace et invite. Le ventre au ras de la neige,<br />

la queue basse, nous descendons lentement la colline.<br />

Assis par terre, Cœur de la Meute tient la chose. Il fait signe<br />

à l’autre de s’éloigner et l’autre recule, recule en emportant sa<br />

lumière qui fait mal. Nous approchons. <strong>La</strong> colline est derrière<br />

nous, nue, sans abri. <strong>La</strong> course sera longue pour nous cacher si<br />

nous sommes menacés. Mais rien ne bouge. Il n’y a que Cœur de<br />

la Meute et ce qu’il tient. Ça sent le vieux sang. Il secoue la<br />

chose comme pour détacher un bout de viande, puis il la frotte<br />

en bougeant ses mains comme une chienne passe les dents dans<br />

le pelage d’un chiot pour le débarrasser de ses puces. Nous<br />

connaissons cette odeur. Nous approchons, toujours davantage.<br />

Il n’est plus qu’à un bond.<br />

Que veux-tu ? lui demandons-nous.<br />

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