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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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son manteau était usé mais en bonne laine et, quand il me le<br />

lança, le poids <strong>du</strong> vêtement m’entraîna contre le mur.<br />

J’agrippai avec reconnaissance le manteau encore chaud<br />

d’avoir été porté. « De l’eau... <strong>du</strong> pain... », dis-je. Je regardai le<br />

lourd vêtement de laine. « Merci, murmurai-je.<br />

ŕ C’est plus que ce dont beaucoup disposent ! grinça<br />

<strong>Royal</strong>. Les temps sont <strong>du</strong>rs », ajouta-t-il, comme si ceux à qui il<br />

s’adressaient ne le savaient pas mieux que lui.<br />

Brondy me considéra quelques instants ; je ne dis rien.<br />

Finalement, il posa un regard froid sur <strong>Royal</strong>. « Trop <strong>du</strong>rs pour<br />

lui fournir au moins un peu de paille au lieu de l’obliger à<br />

dormir sur un banc de pierre ? »<br />

<strong>Royal</strong> le foudroya des yeux, mais Brondy ne broncha pas.<br />

« Nous voulons la preuve de sa culpabilité, roi-servant <strong>Royal</strong>,<br />

avant d’acquiescer à son exécution. En attendant, nous<br />

comptons sur vous pour le garder en vie.<br />

ŕ Donnez-lui au moins des rations de campagne, intervint<br />

Kelvar. Nul ne pourra vous accuser de le choyer et c’est un<br />

homme en vie que vous pendrez ou à qui vous remettrez le<br />

commandement de Cerf. »<br />

<strong>Royal</strong> croisa les bras sans répondre. Je n’obtiendrais que<br />

de l’eau et une moitié de miche, je le savais ; il m’aurait sans<br />

doute repris le manteau de Brondy s’il ne s’était pas atten<strong>du</strong> à ce<br />

que je défende mon bien. D’un mouvement <strong>du</strong> menton, il fit<br />

signe au garde qu’il pouvait refermer ma porte ; à l’instant où<br />

elle claquait, je me jetai en avant pour saisir les barreaux et<br />

regarder les hommes s’en aller. Je songeai à leur crier que <strong>Royal</strong><br />

ne me laisserait pas vivre, qu’il trouverait le moyen de me tuer<br />

dans mon cachot, mais je n’en fis rien : ils ne m’auraient pas<br />

cru. Ils ne redoutaient pas encore assez <strong>Royal</strong>. S’ils l’avaient<br />

connu comme je le connaissais, ils auraient compris qu’aucune<br />

promesse ne l’obligerait à s’en tenir à leur marché. Il allait me<br />

tuer : il me tenait trop bien pour résister à la tentation.<br />

Je lâchai les barreaux, regagnai mon banc d’une démarche<br />

raide et m’assis. Par réflexe plus que par réflexion, je drapai le<br />

manteau de Brondy autour de mes épaules, mais la meilleure<br />

laine n’aurait su vaincre le froid qui me tenaillait. Telle la marée<br />

montante qui se rue dans une grotte marine, la conscience de<br />

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