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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Je souris. Il l’a fait une fois et ça m’a suffi ; j’ai retenu la<br />

leçon. Mais si tu vas le trouver pour lui demander son aide, il<br />

ne te repoussera pas.<br />

Tu ne peux pas lui demander de m’aider ?<br />

Je ne peux pas lui parler comme nous nous parlons et il<br />

est trop loin pour entendre mes abois.<br />

Alors je vais essayer, fit Œil-de-Nuit d’un ton <strong>du</strong>bitatif.<br />

Je le laissai aller ; j’avais envisagé d’essayer de lui faire<br />

comprendre ma situation, mais j’avais renoncé : il ne pouvait<br />

rien faire et je n’arriverais qu’à l’inquiéter. Œil-de-Nuit dirait à<br />

Burrich que je le lui avais envoyé, ainsi Burrich me saurait-il<br />

toujours en vie. Je n’avais pas grand-chose d’autre à lui<br />

transmettre qu’il ne sût déjà.<br />

Le temps passa lentement. Je le mesurai par tous les petits<br />

moyens à ma disposition : la torche finit de se consumer, la<br />

garde fut relevée, quelqu’un me glissa de l’eau et de la<br />

nourriture par la trappe de ma porte. Je n’avais rien demandé ;<br />

cela signifiait-il qu’une longue période s’était écoulée depuis<br />

mon dernier repas ? Les gardes furent à nouveau relevés ; les<br />

nouveaux, un homme et une femme, étaient bavards, mais ils<br />

parlaient à voix basse et je ne percevais que leurs<br />

chuchotements indistincts et leurs éclats de rire Ŕ sans doute<br />

quelques remarques grivoises qui pimentaient leur<br />

marivaudage. Ils s’interrompirent soudain : quelqu’un arrivait.<br />

J’entendis des murmures bas et respectueux, et une boule<br />

de glace se forma au creux de mon estomac. Sans bruit, je me<br />

levai, me collai à la porte et jetai un coup d’œil au poste de<br />

garde.<br />

Il approchait comme une ombre dans le couloir, en silence<br />

mais sans furtivité : avec ses dehors effacés, il n’en avait nul<br />

besoin. Jamais je n’avais vu l’Art ainsi employé. Je sentis les<br />

poils de ma nuque se hérisser lorsque Guillot s’arrêta devant ma<br />

porte et me regarda. Il ne dit rien et je n’osai pas ouvrir la<br />

bouche ; le simple fait de lui rendre son regard lui fournissait<br />

déjà une trop grande ouverture sur moi ; pourtant je redoutais<br />

de détourner les yeux. L’Art le nimbait comme une aura de<br />

vigilance. Je me fis tout petit au fond de moi-même, ramenai à<br />

moi toutes mes émotions, toutes mes pensées, et dressai mes<br />

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