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[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

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Je pris brusquement ma décision : je devais avoir<br />

confiance. Confiance dans Burrich, confiance dans le loup.<br />

Qu’avais-je à perdre ?<br />

Je pris une profonde inspiration, puis m’apprêtai<br />

intérieurement comme pour plonger dans une eau glacée.<br />

Non. Non, lâche, c’est tout.<br />

C’est ce que je fais ! Je tâtonnai en moi à la recherche de ce<br />

qui me retenait à mon corps. Je ralentis ma respiration, obligeai<br />

mon cœur à battre moins vite ; je refusai les sensations de<br />

douleur, de froid, de raideur ; je m’enfonçai loin d’elles, tout au<br />

fond de moi.<br />

Non ! Non ! hurla Œil-de-Nuit avec désespoir. Vers moi !<br />

Viens vers moi, abandonne tout ça, viens vers moi !<br />

Mais j’entendis des frôlements de pieds et des murmures.<br />

Un brutal frisson de peur me traversa et, malgré moi, je<br />

m’emmitouflai davantage dans le manteau de Brondy ;<br />

j’entrouvris un œil et je vis toujours la même cellule mal<br />

éclairée, le même judas clos de barreaux. Je sentis une angoisse<br />

glacée au fond de moi, plus insidieuse que la faim. Ils ne<br />

m’avaient cassé aucun os mais, dans mes tréfonds, quelque<br />

chose s’était déchiré. Je le savais.<br />

Tu es revenu dans la cage ! s’écria Œil-de-Nuit. Va-t’en !<br />

<strong>La</strong>isse ton corps où il est et rejoins-moi !<br />

C’est trop tard, murmurai-je. Sauve-toi, sauve-toi. Ne<br />

partage pas ça.<br />

Ne sommes-nous pas de la même meute ? Un désespoir<br />

aussi poignant qu’un long hurlement de loup.<br />

Ils étaient tout près ; la porte s’ouvrit. <strong>La</strong> peur me saisit et<br />

me secoua entre ses mâchoires ; je faillis porter le poignet à ma<br />

bouche et mâchonner la boulette à travers le tissu de ma<br />

manche, mais je me contentai de serrer la papillote dans mon<br />

poing en prenant la ferme résolution de ne plus y penser.<br />

Le même homme à la torche, les mêmes gardes, le même<br />

ordre : « Debout. »<br />

Je me débarrassai <strong>du</strong> manteau de Brondy ; un des gardes<br />

avait conservé suffisamment d’humanité pour blêmir devant le<br />

spectacle que j’offrais, mais les deux autres demeurèrent de<br />

marbre. Comme je ne me levais pas assez vite à leur goût, l’un<br />

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