14.07.2013 Views

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

[L'Assassin Royal 3]La nef du crépuscule

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

evenu : l’illusion <strong>du</strong> pouvoir me collait désormais à la peau et<br />

beaucoup s’en laisseraient éblouir.<br />

Dans ma chambre, j’enfilai avec soulagement des<br />

vêtements plus pratiques. Comme j’ajustais ma chemise, je<br />

sentis la petite poche <strong>du</strong> poison que j’avais préparé pour<br />

Murfès, toujours cousue à l’intérieur de ma manche ; peut-être,<br />

songeai-je amèrement, cette pochette me porterait-elle chance.<br />

Je sortis et commis l’acte le plus stupide de la soirée : je me<br />

rendis chez Molly. Le couloir des serviteurs était désert, à peine<br />

éclairé par deux torches vacillantes. Je frappai à sa porte : pas<br />

de réponse. Je soulevai doucement la clenche : elle n’était pas<br />

verrouillée. <strong>La</strong> porte s’ouvrit sous ma poussée.<br />

Une chambre vide et obscure. Nul feu ne brûlait dans le<br />

petit âtre. Je mis la main sur un bout de chandelle et allai<br />

l’allumer à une torche, puis je revins dans la pièce et fermai la<br />

porte derrière moi. Je demeurai sans bouger pendant que le<br />

désastre prenait soudain substance devant moi. Tout me parlait<br />

de Molly : le lit sans draps ni couvertures, la cheminée nettoyée,<br />

mais avec une petite réserve de bois prête pour le prochain<br />

occupant, tous ces détails me dirent qu’elle s’était chargée ellemême<br />

de la chambre avant de partir. Pas un ruban, pas une<br />

bougie, pas même un bout de mèche ne subsistait pour évoquer<br />

la femme qui avait vécu ici l’existence d’une servante. Le broc<br />

était posé à l’envers dans la cuvette pour le garder de la<br />

poussière. Je m’assis dans son fauteuil devant l’âtre froid, puis<br />

ouvris son coffre à vêtements, mais ce n’était pas son fauteuil,<br />

son âtre ni son coffre : ce n’étaient que des objets qu’elle avait<br />

touchés pendant le bref moment qu’elle avait passé ici.<br />

Molly était partie.<br />

Elle ne reviendrait pas.<br />

En refusant de penser à elle, j’avais réussis à ne pas<br />

m’effondrer, mais cette chambre vide arracha le bandeau que je<br />

m’étais mis sur les yeux. Je regardai au fond de moi et ce que je<br />

vis m’emplit de mépris ; que ne pouvais-je reprendre le baiser<br />

que j’avais déposé sur les doigts de Célérité ! Baume pour<br />

l’orgueil meurtri d’une jeune fille ou leurre pour la lier, elle et<br />

son père, à moi ? Je ne savais plus, mais ni l’un ni l’autre ne<br />

pouvait se justifier, ni l’un ni l’autre n’était juste si je croyais<br />

- 336 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!