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Au Bonheur des Dames Emile ZOLA - livrefrance.com

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salon avec son ami, plaisantant l'un et l'autre. Le baron Hartmann lui demanda si lemanteau allait enfin ; et, sans se troubler, Mouret répondit qu'il y renonçait pour son<strong>com</strong>pte. Il y eut une exclamation. Pendant que Mme Marty se hâtait de le servir, Mmede Boves accusait les magasins de tenir toujours les vêtements trop étroits. Enfin, ilput s'asseoir près de Bouthemont, qui n'avait pas bougé. On les oublia, et sur lesquestions inquiètes de celui-ci, désireux de connaître son sort, il n'attendit pas d'êtredans la rue, il lui apprit que ces messieurs du conseil s'étaient décidés à se priver <strong>des</strong>es services. Entre chaque phrase, il buvait une cuillerée de thé, tout en protestant <strong>des</strong>on désespoir. Oh ! une querelle dont il se remettait à peine, car il avait quitté la sallehors de lui. Seulement, que faire ? il ne pouvait briser avec ces messieurs, pour unesimple question de personnel.Bouthemont, très pâle, dut encore le remercier.- Voilà un manteau terrible, fit remarquer Mme Marty.Henriette n'en sort pas.En effet, cette absence prolongée <strong>com</strong>mençait à gêner tout le monde. Mais, à l'instantmême, Mme Desforges reparut.- Vous y renoncez aussi ? cria gaiement Mme de Boves.- Comment ça ?- Oui, M. Mouret nous a dit que vous ne pouviez vous en tirer.Henriette montra la plus grande surprise.- M. Mouret a plaisanté. Ce manteau ira parfaitement.Elle semblait très calme, souriante. Sans doute elle avait baigné ses paupières, carelles étaient fraîches, sans une rougeur.Tandis que tout son être tressaillait et saignait encore, elle trouvait la force de cachersa torture, sous le masque de sa bonne grâce mondaine. Ce fut avec son rireaccoutumé qu'elle présenta <strong>des</strong> sandwiches à Vallagnosc. Le baron seul, qui laconnaissait bien, remarqua la légère contraction de ses lèvres et le feu sombre qu'ellen'avait pu éteindre au fond de ses yeux.Il devina toute la scène.- Mon Dieu! chacun son goût, disait Mme de Boves, en acceptant elle aussi unsandwich. Je connais <strong>des</strong> femmes qui n'achèteraient pas un ruban ailleurs qu'auLouvre. D'autres ne jurent que par le Bon Marché... C'est une question detempérament sans doute.- Le Bon Marché est bien province, murmura Mme Marty, et l'on est si bousculé auLouvre! Ces dames étaient retombées sur les grands magasins.Mouret dut donner son avis, il revint au milieu d'elles, et affecta d'être juste. Uneexcellente maison que le Bon Marché, solide, respectable ; mais le Louvre avaitcertainement une clientèle plus brillante. - Enfin, vous préférez le <strong>Bonheur</strong> <strong>des</strong> <strong>Dames</strong>,dit le baron souriant.- Oui, répondit tranquillement Mouret. Chez nous, on aime les clientes.Toutes les femmes présentes furent de son avis. C'était bien cela, elles se trouvaient<strong>com</strong>me en partie fine au <strong>Bonheur</strong>, elles y sentaient une continuelle caresse deflatterie, une adoration épandue qui retenait les plus honnêtes. L'énorme succès dumagasin venait de cette séduction galante.- A propos, demanda Henriette, qui voulait montrer une grande liberté d'esprit, et maprotégée, qu'en faites-vous, monsieur Mouret ?... Vous savez, Mlle de Fontenailles.Et, se tournant vers Mme Marty :- Une marquise, ma chère, une pauvre fille tombée dans la gêne.- Mais, dit Mouret, elle gagne ses trois francs par jour à coudre <strong>des</strong> cahiersd'échantillons, et je crois que je vais lui faire épouser un de mes garçons de magasin.- Fi! l'horreur! cria Mme de Boves.Il la regarda, il reprit de sa voix calme :176

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