notre Cuir-d'or, ce taffetas à sept francs cinquante, qui se vend partout ce prix, vapasser également pour une occasion extraordinaire, et suffira à <strong>com</strong>bler la perte duParis-<strong>Bonheur</strong>...Vous verrez, vous verrez !Il devenait éloquent.- Comprenez-vous ! je veux que dans huit jours le Paris-<strong>Bonheur</strong> révolutionne laplace. Il est notre coup de fortune, c'est lui qui va nous sauver et qui nous lancera. Onne parlera que de lui, la lisière bleu et argent sera connue d'un bout de la France àl'autre... Et vous entendrez la plainte furieuse de nos concurrents. Le petit <strong>com</strong>mercey laissera encore une aile.Enterrés, tous ces brocanteurs qui crèvent de rhumatismes, dans leurs caves !<strong>Au</strong>tour du patron, les <strong>com</strong>mis qui vérifiaient les envois, écoutaient en souriant. Ilaimait parler et avoir raison.Bourdonde, de nouveau, céda. Cependant, la caisse s'était vidée, deux hommes endéclouaient une autre.- C'est la fabrication qui ne rit pas ! dit alors Bouthemont.À Lyon, ils sont furieux contre vous, ils prétendent que vos bons marchés les ruinent...Vous savez que Gaujean m'a positivement déclaré la guerre. Oui, il a juré d'ouvrir delongs crédits aux petites maisons, plutôt que d'accepter mes prix.Mouret haussa les épaules.- Si Gaujean n'est pas raisonnable, répondit-il, Gaujean restera sur le carreau... Dequoi se plaignent-ils ? Nous les payons immédiatement, nous prenons tout ce qu'ilsfabriquent, c'est bien le moins qu'ils travaillent à meilleur <strong>com</strong>pte... Et, d'ailleurs, ilsuffit que le public en profite.Le <strong>com</strong>mis vidait la seconde caisse, pendant que Bouthemont s'était remis à pointerles pièces, en consultant la facture. Un autre <strong>com</strong>mis, sur le bout du <strong>com</strong>ptoir, lesmarquait ensuite en chiffres connus, et la vérification finie, la facture, signée par lechef de rayon, devait être montée à la caisse centrale. Un instant encore, Mouretregarda ce travail, toute cette activité autour de ces déballages qui montaient etmenaçaient de noyer le sous-sol ; puis, sans ajouter un mot, de l'air d'un capitainesatisfait de ses troupes, il s'éloigna, suivi de Bourdonde. Lentement, tous deuxtraversèrent le sous-sol. Les soupiraux, de place en place, jetaient une clarté pâle ; et,au fond <strong>des</strong> coins noirs, le long d'étroits corridors, <strong>des</strong> becs de gaz brûlaient,continuellement. C'était dans ces corridors que se trouvaient les réserves, <strong>des</strong> caveauxbarrés par <strong>des</strong> palissa<strong>des</strong>, où les divers rayons serraient le trop-plein de leurs articles.En passant, le patron donna un coup d'oeil au calorifère qu'on devait allumer le lundipour la première fois, et au petit poste de pompiers qui gardait un <strong>com</strong>pteur géant,enfermé dans une cage de fer. La cuisine et les réfectoires, d'anciennes cavestransformées en petites salles, étaient à gauche, vers l'angle de la place Gaillon. Enfin,à l'autre bout du sous-sol, il arriva au service du départ. Les paquets que les clientesn'emportaient point, y étaient <strong>des</strong>cendus, triés sur <strong>des</strong> tables, classés dans <strong>des</strong><strong>com</strong>partiments dont chacun représentait un quartier de Paris; puis, par un largeescalier débouchant juste en face du Vieil Elbeuf, on les montait aux voitures, quistationnaient près du trottoir. Dans le fonctionnement mécanique du <strong>Bonheur</strong> <strong>des</strong><strong>Dames</strong>, cet escalier de la rue de la Michodière dégorgeait sans relâche lesmarchandises englouties par la glissoire de la rue Neuve-Saint-<strong>Au</strong>gustin, après qu'ellesavaient passé, en haut, à travers les engrenages <strong>des</strong> <strong>com</strong>ptoirs.- Campion, dit Mouret au chef du départ, un ancien sergent à figure maigre, pourquoisix paires de draps, achetées hier par une dame vers deux heures, n'ont-elles pas étéportées le soir ?- Où demeure cette dame ? demanda l'employé.- Rue de Rivoli, au coin de la rue d'Alger... Mme Desforges.À cette heure matinale, les tables de triage étaient nues, les <strong>com</strong>partiments necontenaient que les quelques paquets restés de la veille. Pendant que Campion fouillait22
parmi ces paquets, après avoir consulté un registre, Bourdoncle regardait Mouret, ensongeant que ce diable d'homme savait tout, s'occupait de tout, même aux tables <strong>des</strong>restaurants de nuit et dans les alcôves de ses maîtresses. Enfin, le chef du départdécouvrit l'erreur : la caisse avait donné un faux numéro et le paquet était revenu.- Quelle est la caisse qui a débité ça ? demanda Mouret.Hein ? vous dites la caisse 10...Et, se retournant vers l'intéressé :- La caisse 10, c'est Albert, n'est-ce pas ?... Nous allons lui dire deux mots.Mais, avant de faire un tour dans le magasin, il voulut monter au service <strong>des</strong>expéditions, qui occupait plusieurs pièces du deuxième étage. C'était là qu'arrivaienttoutes les <strong>com</strong>man<strong>des</strong> de la province et de l'étranger ; et, chaque matin, il allait y voirla correspondance. Depuis deux ans, cette correspondance grandissait de jour en jour.Le service, qui avait d'abord occupé une dizaine d'employés, en nécessitait plus detrente déjà. Les uns ouvraient les lettres, les autres les lisaient, aux deux côtés d'unemême table ; d'autres encore les classaient, leur donnaient à chacune un numérod'ordre, qui se répétait sur un casier ; puis, quand on avait distribué les lettres auxdifférents rayons et que les rayons montaient les articles, on mettait au fur et àmesure ces articles dans les casiers, d'après les numéros d'ordre. Il ne restait qu'àvérifier et qu'à emballer, au fond d'une pièce voisine, où une équipe d'ouvriers clouaitet ficelait du matin au soir.Mouret posa sa question habituelle :- Combien de lettres, ce matin, Levasseur ?- Cinq cent trente-quatre, monsieur, répondit le chef de service. Après la mise envente de lundi, j'ai peur de ne pas avoir assez de monde. Hier, nous avons eubeaucoup de peine à arriver.Bourdonde hochait la tête de satisfaction. Il ne <strong>com</strong>ptait pas sur cinq cent trentequatrelettres, un mardi. <strong>Au</strong>tour de la table, les employés coupaient et lisaient, avecun bruit continu de papier froissé, tandis que, devant les casiers, <strong>com</strong>mençait le va-etvient<strong>des</strong> articles. C'était un <strong>des</strong> services les plus <strong>com</strong>pliqués et les plus considérablesde la maison : on y vivait dans un coup de fièvre perpétuel, car il fallaitréglementairement que les <strong>com</strong>man<strong>des</strong> du matin fussent toutes expédiées le soir.- On vous donnera le monde dont vous aurez besoin, Levasseur, finit par répondreMouret, qui d'un regard avait constaté le bon état du service. Vous le savez, quand il ya du travail, nous ne refusons pas <strong>des</strong> hommes.En haut, sous les <strong>com</strong>bles, se trouvaient les chambres où couchaient les vendeuses.Mais il re<strong>des</strong>cendit, et il entra à la caisse centrale, installée près de son cabinet. C'étaitune pièce fermée par un vitrage à guichet de cuivre, dans laquelle on apercevait unénorme coffre-fort, scellé au mur. Deux caissiers y centralisaient les recettes, que,chaque soir, montait Lhomme, le premier caissier de la vente, et faisaient ensuite faceaux dépenses, payaient les fabricants, le personnel, tout le petit monde qui vivait de lamaison. La caisse <strong>com</strong>muniquait avec une autre pièce, meublée de cartons verts, oùdix employés vérifiaient les factures. Puis venait encore un bureau, le bureau dedéfalcation : six jeunes gens, penchés sur <strong>des</strong> pupitres noirs, ayant derrière eux <strong>des</strong>collections de registres, y arrêtaient les <strong>com</strong>ptes du tant pour cent <strong>des</strong> vendeurs, encollationnant les notes de débit. Ce service, tout nouveau, fonctionnait mal.Mouret et Bourdonde avaient traversé la caisse et le bureau de vérification. Quand ilspassèrent dans l'autre bureau, les jeunes gens qui riaient, le nez en l'air, eurent unesecousse de surprise. Alors, Mouret, sans les réprimander, leur expliqua le système dela petite prime qu'il avait imaginé de leur payer, pour chaque erreur découverte dansles notes de débit; et, quand il fut sorti, les employés, cessant de rire et <strong>com</strong>mefouettés, se remirent passionnément au travail, cherchant <strong>des</strong> erreurs.<strong>Au</strong> rez-de-chaussée, dans le magasin, Mouret alla droit à la caisse 10, où AlbertLhomme se polissait les ongles, en attendant la clientèle. On disait couramment: " ladynastie <strong>des</strong> Lhomme ", depuis que Mme <strong>Au</strong>rélie, la première <strong>des</strong> confections, après23
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