RDT - Numéro spécial concernant la révision - VBK-CAT
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Guillod/Helle, Traitement forcé: des dispositions schizophrènes? ZVW 5/2003<br />
patient capable de discernement (manifestée sur le moment ou dans une directive<br />
anticipée 4 ) ou de <strong>la</strong> personne habilitée à représenter un patient incapable de<br />
discernement. Selon <strong>la</strong> deuxième, constitue un traitement forcé le traitement qui,<br />
pour être administré, doit briser <strong>la</strong> résistance physique, ou simplement verbale du<br />
patient, peu importe que ce dernier soit ou non capable de discernement.<br />
La différence principale entre les deux conceptions tient au fait que selon <strong>la</strong><br />
première, le traitement administré en brisant <strong>la</strong> résistance physique d’un patient<br />
incapable de discernement, mais avec l’accord de <strong>la</strong> personne habilitée à représenter<br />
le patient, ne constitue pas un traitement forcé. L’élément déterminant, juridiquement<br />
par<strong>la</strong>nt, est <strong>la</strong> présence ou l’absence d’un consentement va<strong>la</strong>ble 5<br />
(personnel ou par procuration), non pas des manifestations d’opposition qui<br />
n’expriment pas une volonté que le droit doit prendre en compte. Par exemple,<br />
on ne parle pas de traitement forcé dans le cas d’une injection consentie par les<br />
parents d’un enfant de deux ans qui se débat pour y échapper et qui doit être immobilisé.<br />
2. Rappel de quelques éléments de droit positif<br />
Il résulte du droit fédéral, tant public (droits fondamentaux) que privé (droits<br />
de <strong>la</strong> personnalité) que tout traitement, en tant qu’atteinte à l’intégrité physique<br />
ou psychique, doit se fonder sur le consentement du patient (ou de <strong>la</strong> personne<br />
habilitée à le représenter) ou sur une norme légale l’autorisant 6 . La Convention<br />
européenne sur les droits de l’homme et <strong>la</strong> biomédecine 7 [CEDHB], du 4 avril<br />
1997, confirme ce principe. L’article 5 CEDHB pose <strong>la</strong> règle du consentement<br />
libre et éc<strong>la</strong>iré du patient capable de discernement, sans prévoir d’exception.<br />
Pour un patient incapable de discernement, le droit fédéral confie implicitement<br />
les décisions de soins à son représentant légal, à un curateur ou à un représentant<br />
privé 8 . L’article 6 CEDHB précise deux points importants: d’une part,<br />
4<br />
Sur le principe, le Tribunal fédéral a reconnu récemment <strong>la</strong> valeur de telles déc<strong>la</strong>rations anticipées<br />
de volonté, déjà admise dans de nombreux droits cantonaux: ATF 127 I 6, cons. 9a): «Eine urteilsfähige<br />
Person kann sich durch eine entsprechende Willensäusserung unmittelbar vor der gep<strong>la</strong>nten<br />
Intervention oder in einem früheren Zeitpunkt (etwa mittels einer so genannten Patientenverfügung)<br />
dagegen zur Wehr setzen und auf eine Behandlung verzichten».<br />
5<br />
D’où l’importance déterminante du discernement, une notion dont on connaît le flou. Il faut souligner<br />
que le discernement est présumé, même chez une personne souffrant de troubles psychiques.<br />
Dans l’ATF 127 I 6, 19s, les juges fédéraux ont rappelé que l’on ne pouvait pas déduire<br />
une incapacité de discernement de l’existence d’une ma<strong>la</strong>die mentale, de l’ambivalence née de décisions<br />
successives de <strong>la</strong> personne n’al<strong>la</strong>nt pas dans le même sens <strong>concernant</strong> un type de traitement<br />
ou encore du refus d’un traitement, par exemple des neuroleptiques, paraissant déraisonnable aux<br />
yeux des médecins.<br />
6<br />
Cf. notamment ATF 114 Ia 350; ATF 117 Ib 197.<br />
7<br />
Signée, mais pas encore ratifiée par <strong>la</strong> Suisse: cf. le Message du Conseil fédéral du 12 septembre<br />
2001 proposant au Parlement sa ratification: FF 2002 271. Les articles de <strong>la</strong> CEDHB cités dans<br />
cette contribution seront tous directement applicables selon le Message: FF 2002 285.<br />
8<br />
Cf. Olivier Babaïantz, Les directives anticipées et <strong>la</strong> représentation thérapeutique, Cahier IDS<br />
n° 6, Neuchâtel, 2002; Peter Breitschmid, Johannes Reich, Vorsorgevollmachten, ein Institut im<br />
Spannungsfeld von Personen-, Vormundschafts-, Erb- und Obligationenrecht, <strong>RDT</strong> 2001 144; Pe-<br />
© Schulthess Juristische Medien AG, Zürich · Basel · Genf 2003<br />
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