30.04.2015 Aufrufe

RDT - Numéro spécial concernant la révision - VBK-CAT

RDT - Numéro spécial concernant la révision - VBK-CAT

RDT - Numéro spécial concernant la révision - VBK-CAT

MEHR ANZEIGEN
WENIGER ANZEIGEN

Erfolgreiche ePaper selbst erstellen

Machen Sie aus Ihren PDF Publikationen ein blätterbares Flipbook mit unserer einzigartigen Google optimierten e-Paper Software.

Guillod/Helle, Traitement forcé: des dispositions schizophrènes? ZVW 5/2003<br />

4. Appréciation critique<br />

4.1 La volonté oubliée de <strong>la</strong> personne p<strong>la</strong>cée<br />

L’un des buts de <strong>la</strong> révision du droit de <strong>la</strong> tutelle était de favoriser «l’autodétermination<br />

de <strong>la</strong> personne ayant besoin de protection» 23 . Il faut toutefois constater<br />

à <strong>la</strong> lecture de l’avant-projet que <strong>la</strong> volonté de <strong>la</strong> personne p<strong>la</strong>cée à des fins<br />

d’assistance, qu’elle soit exprimée sur le moment ou dans des directives anticipées,<br />

ou alors par un représentant dans le domaine médical, un mandataire tuté<strong>la</strong>ire<br />

ou une personne de confiance, est réduite à un rôle fort ténu.<br />

En cas d’urgence comme pour l’établissement d’un p<strong>la</strong>n de traitement, cette<br />

volonté n’est en effet que «prise en considération dans <strong>la</strong> mesure du possible»<br />

(art. 427 al. 2, 428 al. 2 et 3 AP). Si le patient refuse le p<strong>la</strong>n de traitement défini<br />

par l’article 428 AP, le médecin-chef doit déterminer s’il a ou non «<strong>la</strong> capacité de<br />

saisir <strong>la</strong> nécessité du traitement» (art. 429 al. 1 ch. 2 AP) et, dans <strong>la</strong> négative, peut<br />

administrer le traitement contre <strong>la</strong> volonté du patient, pour autant qu’il soit nécessaire<br />

à <strong>la</strong> préservation de sa santé et en lien direct avec <strong>la</strong> cause du p<strong>la</strong>cement.<br />

La lettre de l’article 429 semble s’écarter de <strong>la</strong> notion c<strong>la</strong>ssique du discernement<br />

qui détermine si une personne est apte ou non à décider va<strong>la</strong>blement des<br />

soins. Il ne s’agit plus de savoir si <strong>la</strong> personne est capable de discernement 24 , donc<br />

de comprendre <strong>la</strong> situation dans <strong>la</strong>quelle elle se trouve, mais de déterminer si elle<br />

a ou non <strong>la</strong> capacité de saisir <strong>la</strong> nécessité du traitement envisagé. Ce<strong>la</strong> revient<br />

pratiquement à poser l’équation qu’un refus de soins médicalement nécessaires<br />

équivaut à une incapacité de droit.<br />

Ce glissement nous paraît dangereux et peu en harmonie avec <strong>la</strong> jurisprudence<br />

re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> capacité de discernement. Le Tribunal fédéral a jugé qu’«en droit<br />

suisse, <strong>la</strong> capacité de discernement est re<strong>la</strong>tive: elle ne doit pas être appréciée dans<br />

l’abstrait, mais concrètement, par rapport à un acte déterminé, en fonction de sa nature<br />

et de son importance» 25 et que cette capacité doit être présumée 26 . La ma<strong>la</strong>die<br />

mentale au sens de l’article 16 CC est une notion plus étroite que <strong>la</strong> notion<br />

psychiatrique 27 : ce n’est pas parce qu’un psychiatre diagnostique une ma<strong>la</strong>die<br />

mentale chez une personne que celle-ci est incapable de discernement 28 .<br />

Or, <strong>la</strong> Commission 29 et l’avant-projet semblent faire un amalgame entre absence<br />

de capacité à saisir <strong>la</strong> nécessité du traitement et incapacité de discerne-<br />

23<br />

Communiqué de presse du Département fédéral de justice et police du 26 juin 2003.<br />

24<br />

L’article 16 CC prévoit que «Toute personne qui n’est pas dépourvue de <strong>la</strong> faculté d’agir raisonnablement<br />

à cause de son jeune âge, ou qui n’en est pas privée par suite de ma<strong>la</strong>die mentale, de faiblesse<br />

d’esprit, d’ivresse ou d’autres causes semb<strong>la</strong>bles, est capable de discernement dans le sens de <strong>la</strong> présente<br />

loi». Cf. Henri Deschenaux, Paul-Henri Steinauer, Personnes physiques et tutelle, 4 e édition,<br />

Berne, 2001, p. 22 et ss.<br />

25<br />

ATF 117 II 231, consid. 2a) p. 232.<br />

26<br />

Notamment ATF 124 III 5, p. 8/JT 1998 I p. 361, p. 364.<br />

27<br />

En ce sens Deschenaux/Steinauer, op. cit., n° 88, p. 28.<br />

28<br />

Pour un exemple, cf. ATF 109 II 273.<br />

29<br />

Cf. Rapport p. 68.<br />

© Schulthess Juristische Medien AG, Zürich · Basel · Genf 2003<br />

355

Hurra! Ihre Datei wurde hochgeladen und ist bereit für die Veröffentlichung.

Erfolgreich gespeichert!

Leider ist etwas schief gelaufen!