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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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ien dans des eaux cordiales, in aqua nenupharis, acetosæ vel quavis alia frigida<br />

exhibetur contra pestem (Amatus Lusitanus).<br />

Mais la plus commune usance est de la faire tremper dans de l’eau<br />

commune, et en boire d’ordinaire, lorsque l’occasion se présente. Unicornu<br />

intingatur in aquis quando debet sumi, quoniam deffendit cor a veneno et a<br />

vaporibus venenosis(Valesius). Que si on la fait infuser dans l’eau commune<br />

j’avertis ceux qui prêtent courtoisement leurs fragments de licornes pour en tirer<br />

l’infusion à boire comme à Paris cela est d’ordinaire, ainsi que Paré le remarque.<br />

Qu’on se garde de la faire bouillir, ou de la laisser infuser dans l’eau chaude, car<br />

par le moyen d’une telle chaleur on lui emporte aisément la propriété et la vertu<br />

que peut contenir sa substance, et ainsi elle est par après aucunement inutile, au<br />

contraire si on se contente que l’eau soit froide, elle sera ainsi de longue durée 99 .»<br />

Dès qu’il aborde la question des propriétés médicinales de la corne de<br />

licorne, notre apothicaire est en un territoire plus connu, mais moins balisé. La<br />

poudre et l’eau de licorne n’ayant plus véritablement bonne presse au début du<br />

XVIIème siècle, il s’empresse d’accumuler quelques citations de médecins connus à<br />

l’appui de sa thèse. Marsile Ficin (1433-1499) préconise de porter un fragment de<br />

licorne en pendentif, sur la poitrine, ou de le tenir dans la bouche. Fumannelli nous<br />

apprend que, prise à raison de trois grains par jour, la poudre de corne de licorne<br />

(ou de monocéros) protège de la peste. Andernacus nous assure que «La râpure de<br />

corne de licorne bue dans du vin repousse venin et maladies contagieuses.» Holier<br />

et Amatus Lusitanus suggèrent de la dissoudre dans une eau d’arbouse, de<br />

nénuphar ou dans quelque autre décoction assez mystérieuse, tandis que pour<br />

Valesius l’eau dans laquelle a seule trempé la corne de licorne suffit à protéger le<br />

cœur des venins. A la fin du XVIIème siècle, les mêmes procédés étaient encore<br />

employés puisque Pierre Pomet, qui ne croyait guère en la licorne, écrivait dans son<br />

Histoire générale des drogues: «on attribue à l’une ou l’autre de ces cornes [de<br />

licorne ou de rhinocéros] des vertus égales, soit en donnant la raclure en substance<br />

ou en infusion, depuis un scrupule jusqu’à deux ou trois, soit en en faisant des<br />

tasses pour y laisser reposer le vin avant que de le boire, ou pour s’en servir à<br />

l’ordinaire comme d’un verre à boire, dans la pensée que l’on a que ces tasses<br />

empêchent l’effet de toutes sortes de poison 100 .»<br />

99 H.L., p.22.<br />

100 Pierre Pomet, Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des minéraux<br />

et des animaux, Paris, 1696, t.II, p.26.<br />

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