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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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l’onagre ou âne sylvestre et le cheval des Indes, est utilisée comme contrepoison,<br />

Catelan semble détruire à l’avance les arguments qui lui font distinguer la licorne<br />

d’entre tous les quadrupèdes unicornes «en raison des grandes, rares et<br />

extraordinaires propriétés qui sont attribuées à sa corne». Certes, il n’était pas seul<br />

à procéder à une telle distinction, que nous trouvons par exemple, quelques années<br />

plus tôt, dans un traité de médecine allemand, qui distinguait parmi les animaux<br />

dont la corne est un contrepoison efficace l’âne des Indes, le cheval des Indes, le<br />

rhinocéros, le monocéros, le camphur, le pirassouppi, tous décrits comme<br />

unicornes, et le cerf 37 . Laurent Catelan a vraisemblablement emprunté l’essentiel<br />

de cette classification au traité sur la licorne d’Andrea Bacci 38 , dont on retrouve la<br />

trace en plusieurs points de l’Histoire de…la lycorne.<br />

Quoi qu’il en soit, ce classement pointilleux a la même fonction dans les<br />

deux ouvrages. Les animaux unicornes sont déjà fort rares, le lecteur qui n’en a<br />

jamais vu le sait fort bien, or voilà qu’on lui apprend que tous ceux-ci ne sont pas,<br />

loin de là, d’authentiques licornes. C’est rendre plus rare encore le bel animal, et<br />

plus précieuse sa corne, cette corne que Laurent Catelan montrait fièrement dans<br />

son cabinet, et que possédaient les Médicis employeurs de Bacci. Comment<br />

expliquer autrement que des descriptions comme celles d’Élien, de Ctésias ou<br />

d’Aristote, qui ne contredisent en rien la description habituelle de la licorne, soient<br />

réfutées, tandis qu’est accepté plus loin le témoignage de Marco Polo, décrivant de<br />

gros animaux patauds et gris se vautrant dans la boue. Compliquant encore les<br />

choses, Catelan revient plus loin sur les évidentes contradictions entre les<br />

descriptions de la licorne, arguant cette fois-ci que «Les chiens de Pologne et<br />

d’Angleterre ne sont-ils pas du tout dissemblables avec les mêmes de leur espèce?<br />

Les vieux boucs ne sont-ils pas différents des jeunes chevreaux?… 39 ». Pour décrire<br />

le monocéros, il fait même appel à l’occasion à des témoignages d’abord réfutés,<br />

comme celui de Ctésias 40 .<br />

37 Johann Schenck, Observationum Medicarum Rararum, Novarum, Admirabilium<br />

et Monstrosarum, Francfort, 1600, t.II, pp.864-866.<br />

38 Andrea Bacci, De Monocerote seu Unicornu Tractatus, Stuttgart, 1598, pp.41-<br />

54.<br />

39 H.L., p.51.<br />

40 H.L., p.10, par exemple.<br />

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