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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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l’Inde, et nous serions ainsi parvenus à découvrir que l’antilope unicorne est un<br />

rhinocéros 62 .» Le voyageur russe se trompait sans doute puisque, s’il faut en croire<br />

les récits de ses confrères britanniques, on lui aurait affirmé dans le sud-ouest du<br />

Tibet que l’antilope unicorne vivait dans le nord-est de ce pays. Il nous apprend<br />

cependant que les recherches des chasseurs de licorne occidentaux rencontraient<br />

une tradition locale, ce qui peut expliquer l’assurance des témoins indigènes, dont<br />

font fréquemment état les voyageurs visitant cette région. Nicolas Prjevalski a été,<br />

sur ce point, plus prudent que la plupart de ses confrères.<br />

Dans un ouvrage sur les traditions anglaises, paru en 1870, un chapitre<br />

particulier est consacré aux «erreurs populaires». S’il n’est guère étonnant que<br />

deux pages y soient dévolues à la licorne, le lecteur du XXème siècle sera plus<br />

surpris par leur contenu, car la superstition qui est ici moquée concerne seulement<br />

l’utilisation d’une jeune vierge comme appât pour attirer l’animal. L’auteur écrit en<br />

effet par ailleurs que «les scientifiques étaient autrefois presque certains que le<br />

rhinocéros unicorne était la licorne des légendes. Mais cette thèse n’est plus aussi<br />

fondée puisque, en effet, il y a quelques années de cela, on a, parait-il, découvert<br />

un animal qui, par sa silhouette et son apparence, ressemble beaucoup plus à la<br />

licorne mythique 63 ». Preuve de l’intérêt du grand public, mais aussi de l’incertitude<br />

qui continuait à régner sur le sujet, un quotidien allemand offrit, en 1838, «cent<br />

thalers pour une licorne vivante, et cinquante pour un animal mort et bien<br />

conservé… afin que, si cet animal longuement discuté existe vraiment, on puisse<br />

bientôt disposer d’un représentant de l’espèce 64 ». En 1888 encore, mais c’est le<br />

dernier texte de ce type dont nous disposions, Claude Scheffer, éditeur de la<br />

traduction française des voyages de Barthema, insérait, sous le passage où le<br />

voyageur italien du XVIème siècle décrivait les licornes qu’il avait vues à La<br />

Mecque, la note suivante: «Pendant le voyage que j’ai fait, en 1862, sur les côtes<br />

de la mer Rouge, j’ai entendu les Danqalis parler d’un animal à une corne vivant<br />

dans les forêts les plus épaisses des montagnes de l’Abyssinie. Ils lui donnaient le<br />

62 Nicolas Prjevalski, Voyage en Mongolie et au pays des Tangroutes, Paris, 1880,<br />

p.269.<br />

63 John Brand, Observations on the Popular Antiquities of Great-Britain, Londres,<br />

1870, p.319.<br />

64 Morgenblatt für die gebildeten Stände, 1838, cité in Jochen Hörisch, Das Tier<br />

,das es nicht gibt, Nördlingen, 1986, p.185.<br />

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