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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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«Finalement la huitième et dernière bête quadrupède monocérot ou<br />

unicorne est celles qu’Élien rapporte s’appeler aux Indes Cartazonum et par le<br />

vulgaire en France, en Italie et en Espagne Lycorne, à l’endroit de laquelle seule<br />

privativement à toutes les susmentionnées, l’usage a prévalu en telle sorte qu’on<br />

n’entend à présent pour Monocéros ou Unicorne qu’icelle seule en considération des<br />

grandes, rares et extraordinaires propriétés qui sont attribuées à sa corne. A<br />

l’histoire de laquelle particulière, il faut que maintenant je m’arrête, délaissant à<br />

une autre occasion les susmentionnées 36 .»<br />

Ce chapitre plus érudit que le reste de l’ouvrage permet de citer bon nombre<br />

d’auteurs, alors même que leurs descriptions ne coïncident pas avec l’idée que<br />

notre apothicaire se fait de la licorne, mais Catelan n’a pas en ce domaine la<br />

virtuosité d’un Gesner ou d’un Bartholin. Confronté à la diversité des descriptions<br />

données de la licorne tant par les anciens (Pline, Ctésias et Élien), que par les<br />

modernes (Marco Polo, Barthema et quelques autres), certains ont pu douter de<br />

l’existence réelle de l’animal. Catelan, comme d’autres auteurs avant lui, conclut<br />

plutôt à l’existence de plusieurs animaux unicornes qu’il prend soin de distinguer.<br />

Pour autant, s’il fait des quadrupèdes unicornes une large famille comprenant aussi<br />

bien l’âne des Indes que le rhinocéros, il se refuse à leur attribuer indistinctement<br />

le nom de monocéros ou de licorne, qu’il réserve à une espèce particulière. La<br />

distinction soigneuse entre licorne et rhinocéros n’est guère originale; les auteurs<br />

du XVIème siècle se sont volontiers reprochés les uns les autres de confondre les<br />

deux animaux. Une typologie aussi détaillée est en revanche moins usuelle, seul<br />

Thomas Bartholin ira plus loin en ce sens.<br />

Cela frappe d’autant plus que cette classification des quadrupèdes unicornes<br />

est bien étrangement construite. On comprend aisément que bœufs, vaches,<br />

rhinocéros, camphur et rangifer soient distingués de la licorne. La corpulence des<br />

trois premiers interdit de les assimiler à l’animal représenté sur l’unique gravure de<br />

l’ouvrage. Les pattes palmées du camphur en font une espèce bien à part, et<br />

l’habitat septentrional du rangifer, proche cousin du renne, le distingue d’une<br />

licorne dont il était admis qu’elle vivait dans les pays d’Orient. On est d’autant plus<br />

surpris de voir l’appellation de «vraie licorne» refusée aux ânes sylvestres de<br />

Ctésias, aux chevaux unicornes d’Élien, à l’oryx d’Aristote, alors que, leur<br />

description ne différant guère de l’image habituelle de la licorne, de nombreux<br />

auteurs les considéraient comme tels. Notant que la corne de certains d’entre eux,<br />

36 H.L., pp.4-9.<br />

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