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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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celle qui provient des îles nouvellement découvertes, réduite en poudre et dissoute<br />

dans de l’eau, fait des merveilles contre le poison 45 .»<br />

La licorne en liberté<br />

Les années qui suivirent la publication de l’ouvrage de Gesner virent paraître<br />

plusieurs textes entièrement consacrés à la licorne, dans lesquels était désormais<br />

clairement posée la question de l’existence de cet animal. Le Discorso della falsa<br />

opinione dell’alicorno d’Andrea Marini et L’Alicorno d’Andrea Bacci, furent tous deux<br />

publiés à Venise en 1566. Aucun des deux ne cite l’autre, mais ils sont construits<br />

selon des plans parallèles et on peut y voir l’écho d’une controverse qui dut agiter<br />

alors les milieux médicaux de la cité des doges 46 .<br />

Constatant que les descriptions que donnent de la licorne les auteurs<br />

classiques et modernes sont inconciliables, et que les cornes se trouvant dans les<br />

trésors des grands ne correspondent à aucune de ces descriptions, Marini en déduit<br />

qu’aucun de ceux qui parlent de la licorne ne l’a jamais vue. Les cornes de licorne<br />

semblant plus nombreuses en Angleterre que nulle part ailleurs, il pense qu’elles<br />

proviennent pour la plupart de quelque créature marine. Il s’attaque ensuite à<br />

l’usage médical de la corne, affirmant qu’il ne peut exister de contrepoison<br />

universel et rendant responsables de la popularité de ce remède les «médecins<br />

arabes» 47 . On retrouve une argumentation similaire dans les textes d’Ambroise<br />

Paré, que nous avons étudiés plus en détail.<br />

Andrea Bacci semble voler au secours de la blanche bête impudemment<br />

outragée. Pour lui, que la licorne soit rare, que les descriptions en soient confuses<br />

et contradictoires, que l’on ait conté bien des fables à son sujet, que les Romains<br />

45 ibid., p.693.<br />

46 Je n’ai pas pu consulter l’ouvrage de Marini, mais en ai lu le compte rendu<br />

exhaustif rédigé, au début du siècle suivant, par Ulysse Aldrovandi pour son De<br />

Quadrupedibus Solipedibus, paru en 1616, ainsi que le résumé qu’en donne Odell<br />

Shepard dans The Lore of the Unicorn, New York, 1930.<br />

Aldrovandi, en marge de son article sur le monoceros, écrit avoir traduit en latin<br />

le livre de Marini. Sans doute cette traduction est-elle restée manuscrite, car elle<br />

ne figure dans aucun catalogue. A moins qu’il ne s’agisse que du long résumé que<br />

le médecin et naturaliste bolonais donne ici du traité de son confrère vénitien.<br />

47 Andrea Marini, Discorso della falsa opinione dell’alicorno, Venise, 1566, cité in<br />

Ulysse Aldrovandi, De Quadrupedibus Solipedibus, Bologne, 1616, pp.384-415, et<br />

in Odell Shepard, The Lore of the Unicorn, Boston, 1930, pp.158-161.<br />

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