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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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nom d’Abou Qarn et ne le confondaient pas avec le rhinocéros, qu’ils appelaient<br />

Baghal Wahchi 65 .»<br />

En 1708, de retour d’Afrique australe, le voyageur François Leguat affirmait<br />

que «Pour la licorne, c’est une chimère: les plus anciens et plus curieux habitants<br />

du Cap en sont persuadés 66 ». La formule pouvait certes laisser quelques doutes sur<br />

l’opinion des plus jeunes ou des moins curieux, mais on était bien loin de la thèse,<br />

qui dominerait un siècle plus tard, selon laquelle une variété d’antilopes unicornes<br />

vivrait dans l’intérieur de l’Afrique australe. Le grand géographe Conrad Malte-Brun<br />

(1775-1826) tenait en effet pour très vraisemblable la présence de licornes dans<br />

cette région, comme l’indique ce passage de l’article consacré, dans sa Géographie<br />

universelle, à «la côte sud-est de l’Afrique, Cafrerie, Monomotapa et Mozambique»:<br />

«On a récemment prétendu retrouver ici la licorne, ou le monocéros, des anciens;<br />

circonstance qui, si elle pouvait être démontrée, jetterait un grand intérêt sur cette<br />

région. Un auteur estimable du seizième siècle a rapporté que les premiers<br />

Portugais virent, entre le cap de Bonne Espérance et le Cap Corrientes, un animal<br />

qui avait la tête et la crinière d’un cheval, avec une corne mobile 67 . C’est<br />

précisément dans cette même région que deux bons observateurs modernes ont<br />

remarqué un grand nombre de dessins d’un animal unicorne; tous les rochers de<br />

Candebo et de Bambo en sont couverts 68 ; Les colons hollandais affirment avoir vu<br />

de ces animaux vivants, et en avoir tué quelques uns; ceux-ci ressemblaient à des<br />

quaggas, ou chevaux sauvages 69 ; la corne était seulement adhérente à la peau 70 .<br />

Ces témoignages positifs, mais provenant malheureusement de témoins peu<br />

instruits, sont cependant corroborés par le rapport de Barthema (ou Varteman),<br />

qui, dans le quinzième siècle, vit à La Mecque deux licornes, semblables à des<br />

65 Les Voyages de Ludovico di Varthema, Paris, 1888, p.53. Le nom d’Abou Qarn,<br />

qui désigne apparemment le rhinocéros blanc, est également celui attribué par<br />

Fulgence Fresnel à la licorne-pachyderme d’Arabie. Voir supra, p.248<br />

66 Voyage et avantures de F. Leguat et de ses compagnons en deux isles désertes<br />

des Indes orientales, Londres 1708, tome II, pp.145-146.<br />

67 Garcias ab Horto, Histoire des drogues, espiceries, et de certains médicamens<br />

simples qui naissent ès Indes, Lyon, 1602 (1563), p.77.<br />

68 André Sparrman, Voyage au Cap de Bonne Espérance et autour du Monde avec<br />

le Capitaine Cook , Paris, 1787.<br />

John Barrow, Travels in Southern Africa, Londres, 1806, pp.269-274.<br />

69 Cette expression désigne ici, comme dans toute la littérature de cette époque,<br />

non pas un équidé mais une antilope de grande taille comme il en existe en Afrique<br />

du Sud.<br />

70 Cloete, propriétaire de Constantia, près le Cap, dans Voigt, Journal de Physique,<br />

1796 (note de Conrad Malte-Brun, je n’ai pas pu consulter la source).<br />

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