25.06.2013 Views

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

«Licorne: Animal fabuleux», pour poursuivre néanmoins, d’après le témoignage du<br />

religieux portugais: «On dit qu’il se trouve en Afrique, dans la haute Éthiopie; que<br />

c’est un animal craintif, habitant le fond des forêts, portant au front une corne<br />

blanche de cinq palmes de long, de la grandeur d’un cheval médiocre, d’un poil<br />

brun tirant sur le noir, et ayant le crin court, noir et peu fourni sur le corps, et<br />

même à la queue.» Si l’article que Diderot consacre à la licorne est<br />

particulièrement bref pour un sujet qui avait longtemps passionné les lettrés,<br />

l’Encyclopædia Britannica, quelques années plus tard, est plus succincte encore, car<br />

c’est en vain que l’on y cherche un article Unicorn.<br />

S’il est donc vrai que le XVIIIème siècle n’a guère cru à la licorne,<br />

l’essentiel est qu’il ne s’y est pas véritablement intéressé. Si nous reprenons le<br />

tableau dans lequel nous avions regroupé les opinions de divers auteurs sur<br />

l’existence de la licorne, nous constatons que celles-ci se font rares entre 1700 et<br />

1780. Nous avions vingt-trois rubriques entre 1550 et 1600, cinquante-six au<br />

XVIIème siècle, nous n’en avons que dix-sept entre 1700 et 1780, date à laquelle<br />

renaît quelque peu l’intérêt pour notre animal. Cette désaffection pour la blanche<br />

licorne concerne particulièrement les deux domaines qui, jusque là, avaient fourni<br />

le plus gros de nos sources: la médecine et ce que l’on appelait déjà l’histoire<br />

naturelle, et qui n’était pas encore la zoologie.<br />

L’Histoire naturelle telle qu’elle apparut au XVIIIème siècle rompait<br />

profondément avec les méthodes de Conrad Gesner ou Ulysse Aldrovandi. Faisant<br />

la part belle à l’érudition, les traités de la Renaissance avaient jusque là cherché à<br />

tout citer de ce qui concernait un sujet, puisant ouvertement dans les sources<br />

classiques et, plus discrètement, dans l’héritage médiéval. Le Dictionnaire raisonné<br />

des animaux de François-Alexandre Aubert de la Chesnaye des Bois (1699-1784),<br />

qui parut en 1759, est l’un des derniers témoins de cette «histoire des animaux» à<br />

l’ancienne manière. La première phrase de l’article «licorne» affirme certes que<br />

«les modernes doutent avec raison qu’il y ait jamais eu sur la terre un animal<br />

nommé licorne, et tiennent tout ce que les anciens en ont dit pour de pures<br />

fables», mais la seconde, «voici comment ils la figuraient:» est suivie de trois<br />

longues pages citant toutes les autorités sur le sujet, de Pline à Jérôme Lobo. Si la<br />

méthode est encore celle de Gesner et d’Aldrovandi, les sources se renouvellent:<br />

outre la référence aux jésuites portugais, on remarque l’une des premières<br />

descriptions, dans un texte européen sur la licorne, du Ki-lin, l’unicorne mythique<br />

-258-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!