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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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son imagination. «On ne voit bien qu’avec le cœur», disait le renard au Petit Prince;<br />

quelques cœurs ont vu des licornes.<br />

Comme les dieux, l’albe bête n’est pas morte, elle a disparu. Victor Segalen<br />

avait bien compris cela, et dans son œuvre la licorne passe définitivement du<br />

monde réel à son envers mystérieux. La cavale blanche y fait en effet deux<br />

apparitions, bien différentes. A la faveur des bouleversements politiques, l’écrivain<br />

voyageur avait obtenu en 1914 d’autorités locales jusque là réticentes,<br />

l’autorisation de faire déterrer une grande statue Tang, un cheval ailé dont seule la<br />

tête, la crinière et l’encolure étaient visibles. «Par analogie française, écrit Victor<br />

Segalen dans La grande Statuaire de Chine, je lui ai donné le nom héraldique de<br />

licorne, c’est la licorne du tombeau de Tang Kao Tsong 4 ». Or cette statue qui<br />

arbore «les plus belles ailes ouvragées dans la pierre que toute la dynastie des<br />

Tang ait taillées» n’a rien, et surtout pas une corne, d’une licorne. Le sommet de sa<br />

tête est certes abîmé, mais Segalen, expert en sculpture chinoise, connaissait fort<br />

bien les chevaux ailés des tombeaux impériaux et savait que de ce noble front brisé<br />

ne s’était jamais élevé la moindre corne. On ne voit bien qu’avec le cœur.<br />

La «licorne» du tombeau de Tang Kao-Tsong.<br />

Photo de Victor Segalen.<br />

4 Victor Segalen, La grande Statuaire de Chine, in Œuvres complètes, collection<br />

Bouquins, Robert Laffont, 1995, t.II, p.841.<br />

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