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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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Nous trouverions sans grande peine d’autres médecins et pharmaciens du<br />

XVIème siècle pour proposer de telles recettes, mais ajouter encore à la déjà<br />

longue liste avancée par Laurent Catelan n’apporterait pas grand chose à son<br />

propos, ni au nôtre. Remarquons plutôt que d’autres encore, et pas seulement les<br />

plus académiques, ceux qui ne signalent que les remèdes déjà préconisés par les<br />

sources universitaires classiques, Galien et Dioscoride, ignoraient la corne de<br />

licorne, et ce même dans des ouvrages spécifiquement consacrés aux poisons et<br />

contrepoisons. En 1567 le médecin Jacques Grévin se fondait sur la théorie<br />

aristotélicienne des quatre humeurs (chaude, froide, sèche et humide) pour<br />

démontrer qu’il ne peut y avoir de contrepoison universel, chaque poison étant<br />

caractérisé par un excès d’humeur et ne pouvant être combattu que par un<br />

contrepoison d’humeur contraire; on ne s’étonnera donc pas que la corne de licorne<br />

ne figure pas parmi les remèdes qu’il préconisait 101 .<br />

Certains, parce que Dioscoride signalait que la corne de cerf faisait fuir les<br />

serpents, recommandent cette dernière et semblent ignorer jusqu’à l’existence de<br />

la licorne, comme le célèbre médecin siennois Pier Andrea Mattioli (1500-1577);<br />

Ses Commentaires sur les six livres de la matière médicale de Dioscoride furent le<br />

plus grand succès de l’édition médicale de la Renaissance, puisque leur éditeur<br />

vénitien en vendit plus de 30.000 exemplaires; ils ne mentionnent nulle part licorne<br />

ou corne de licorne 102 . Cependant, d’autres médecins se livrant à cet exercice<br />

obligé qu’était le commentaire de Dioscoride profitèrent du passage sur la corne de<br />

cerf pour aborder celle de la licorne. Sous le titre trompeur De Cornu Cervi, Amatus<br />

Lusitanus, l’une des sources de Catelan, consacre onze lignes aux propriétés de la<br />

corne de cerf et quatre-vingt à celles de la corne du monocéros 103 .<br />

Même les traités médicaux inspirés par la pensée alchimique ignoraient<br />

parfois la licorne. Écrit dès les dernières années du XIIIème siècle, le Traité des<br />

remèdes à tous les venins de Pierre d’Abban (Petrus de Abbano, 1246-1320),<br />

médecin et philosophe farfelu, grand voyageur, vaguement sorcier, soupçonné<br />

d’athéisme et récupéré par l’alchimie de la Renaissance, énumère longuement les<br />

différents types de venins et leurs contrepoisons, parmi lesquels reviennent<br />

101 Jacques Grévin, Deux Livres des venins, Anvers, 1568, pp.187-201.<br />

102 Commentaires de M. P. André Matthiolus, médecin siennois, sur les six livres de<br />

Dioscoride de la matière médicinale, Lyon, 1572, p.151.<br />

103 Amatus Lusitanus, In Dioscoridis de Materia Medica Enarrationes, Strasbourg,<br />

1554, pp. 204-206.<br />

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