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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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II, consacra trois chapitres de sa Gemmarum et Lapidarum Historia aux cornes<br />

fossiles, que l’on prend vulgairement pour la corne de licorne 127 . S’il savait à quoi<br />

s’en tenir quant à l’origine de ces «cornes», il ne leur en reconnaissait pas moins<br />

des usages médicaux considérables: «…en premier lieu elles sont dessicatives et<br />

astringentes, elles cicatrisent les ulcères sans mordication…Outre ce, si leur moelle<br />

a une odeur agréable, elle est en premier lieu amie et agréable au cœur, et le<br />

conforte et fortifie, de même que le boli Armeni ou la terre Lemnienne, de peur<br />

qu’il ne soit facilement opprimé par l’air infect, ou par le venin qu’on aura pris. Et<br />

même si la substance de cette moelle avant la transmutation a été d’un cerf, d’un<br />

éléphant, d’un frêne, d’une noix, d’un arbre ou autre chose qui résiste et est<br />

contraire aux venins, elle aura une très grande énergie pour les chasser et les<br />

surmonter. Et encore plus grande si l’odeur de l’arbre même, ou première<br />

substance, peut encore être aperçue. Car alors il est certain que quelques qualités<br />

sont encore restées dans le corps changé, et que les forces qui sont attachées à la<br />

matière plus subtile ne sont pas encore péries, mais qu’elles sont augmentées, une<br />

nouvelle matière souterraine survenant. Une corne donc de cette sorte et qualité<br />

est un très souverain et unique antidote pour chasser tous les venins, fièvres<br />

pestilentielles, et la peste même, en faisant prendre au malade avec eau<br />

appropriée, ou vin oligophore… le poids d’une dragme ou quatre scrupules 128 .»<br />

En 1645, Thomas Bartholin consacra à la «licorne fossile», dont lui aussi<br />

connaissait parfaitement l’origine, le dernier chapitre de ses Observations sur la<br />

licorne. Alors même qu’il ne croyait guère aux propriétés médicinales de la corne<br />

de licorne, il est beaucoup plus affirmatif sur celles de la corne fossile 129 . La<br />

pharmacopée du paracelsien lyonnais Pierre Potier, qui ignore totalement la licorne,<br />

fait en revanche grand cas du bézoard et de la licorne fossile, tous deux présentés<br />

comme de puissants contrepoisons, mais ne se prononce pas sur l’origine de cette<br />

dernière 130 . Tout au long du XVIIème siècle, c’est donc ce nom générique de<br />

licorne fossile qui désigna les fossiles animaux et végétaux, et parfois plus<br />

particulièrement les défenses de mammouths, utilisés en médecine. Le traité qu’y<br />

consacra en 1666 un médecin allemand s’intitule d’ailleurs De unicornu fossili 131 .<br />

127 Anselme Boèce de Boodt, Le parfait Joaillier, ou histoire des pierreries, Lyon,<br />

1644 (1609 en latin), liv. II, ch.211, 212 et 213.<br />

128 ibid., pp.548-549.<br />

129 Thomas Bartholin, De Unicornu Observationes Novæ, Padoue, 1645, ch.37,<br />

pp.275-288.<br />

130 Pierre Potier, Pharmacopea Spagyrica, in Opera Omnia Medica et Chymica,<br />

Lyon, 1645, pp.529-530.<br />

131 Johann Bausch, De Unicornu Fossili, Iena, 1666.<br />

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