25.06.2013 Views

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

emarquable: il ne s’agit plus ici d’une simple corne, mais de l’animal entier, dont<br />

son inventeur - dans les deux sens du terme - nous donne une description<br />

relativement détaillée. Cette découverte n’aurait pas eu tant de retentissement si<br />

elle n’avait été reprise et commentée par Leibniz dans sa Protogæa, texte écrit vers<br />

1690 mais publié en 1749, longtemps après la mort de son auteur. La parution de<br />

ce bref traité, dont le sous titre est Dissertation sur le premier aspect de la terre et<br />

les très antiques vestiges de son histoire dans les monuments mêmes de la nature,<br />

fut sans doute reportée parce que Leibniz, et après sa mort en 1716 les détenteurs<br />

du manuscrit, s’inquiétaient de son orthodoxie religieuse. L’ouvrage eût sans doute<br />

choqué à la fin du XVIIème siècle, mais paru la même année que le Telliamed de<br />

Benoît de Maillet et les trois premiers tomes de l’Histoire naturelle de Buffon, il ne<br />

fit guère scandale. Ce petit livre relança néanmoins le débat sur les licornes<br />

fossiles.<br />

Leibniz y rejette la thèse des ossements de mammouths: «Je me défie de ce<br />

qu’on nous donne pour des dents d’éléphants, et je les considère… comme pouvant<br />

être rapportées à des rosmariens [mammifères marins]… J’en dirai autant de ces<br />

dents massives que l’on rapporte aux éléphants désignés par les Russes sous le<br />

nom de “Mammotekoos” 31 .»<br />

Il propose en revanche d’autres hypothèses quant à la nature réelle des<br />

«licornes fossiles»: «Puisqu’il a été démontré par Bartholin que les cornes de<br />

licorne, autrefois l’un des plus curieux et des plus rares ornements des cabinets<br />

d’histoire naturelle et aujourd’hui livrées à l’admiration du peuple, proviennent de<br />

poissons de l’océan Boréal, il est permis de penser que le fossile unicorne qui a été<br />

trouvé dans nos contrées a la même origine 32 .» Ce raisonnement par similitude -<br />

puisque les licornes sont des défenses de narval, les licornes fossiles doivent en<br />

être aussi -, à la manière des érudits de la Renaissance, surprend quelque peu chez<br />

le grand logicien. On peut sourire aussi de ce que, par un biais imprévu, la licorne<br />

ait ainsi fait prendre, un temps, des ossements de mammouths pour des défenses<br />

de narval.<br />

déterré, sous le nom de licorne, des «dents d’éléphants», des «cornes de cerfs» et<br />

des «os de baleine géants», considère cependant tous ces fossiles comme des<br />

productions purement minérales et non des restes d’animaux.<br />

31 Gottfried Wilhelm Leibniz, Protogæa, ou de l’aspect primitif de la terre,<br />

Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1993 (1749 en latin), p.125.<br />

32 ibid., p.127.<br />

-267-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!