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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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moururent. Je n’ai pas vu moi même cette expérience, mais on me l’a rapportée<br />

pour vraie, et nous en déduisîmes qu’il s’agissait d’une licorne de mer 125 .» Non<br />

seulement l’auteur ne met nullement en doute l’existence de la licorne, mais celle-<br />

ci est même à la base de son opinion quant à la nature de cet animal inconnu: Sa<br />

corne a les mêmes propriétés que celles de la licorne terrestre, ce grand poisson<br />

est donc une licorne marine. Durant les décennies suivantes, de nombreux récits<br />

de navigateurs allaient confirmer la présence dans les eaux de l’Amérique du nord<br />

de ces «licornes de mer 126 ». Tous ne faisaient cependant pas le même<br />

raisonnement, puisqu’un autre pilote anglais, William Baffin (1584-1622), écrivit en<br />

1610 à propos de l’île du Canada qui porte encore aujourd’hui son nom que «cette<br />

terre porte également beaucoup de bois flottant, d’ailerons de baleine, de défenses<br />

de morse, et parfois des cornes de licorne qui, pensons-nous, proviennent plutôt<br />

d’une créature marine que d’un animal terrestre. 127 » Le texte de William Baffin<br />

conserve néanmoins, même en anglais, une légère ambiguïté, puisque l’on ne sait<br />

pas si son opinion, d’ailleurs prudente, concerne l’ensemble des cornes de licorne<br />

ou uniquement celles découvertes en Amérique du Nord.<br />

Sur les cartes manuscrites de la côte occidentale du Groenland levées par<br />

James Hall, pilote de l’expédition danoise de 1605, de petits dessins résument<br />

l’observation de la faune locale et des indigènes. On y voit ainsi des esquimaux en<br />

kayak, des tentes, mais aussi des baleines et, probablement, des narvals. Il est<br />

remarquable que, alors même que ces cartes ont été dessinées par un témoin<br />

oculaire, la représentation du narval reste largement tributaire de l’image classique<br />

de la licorne: l’animal a une queue de poisson et la silhouette trapue des baleines,<br />

mais il a aussi un chef chevalin, une corne dressée en plein front, deux longues<br />

nageoires à l’avant, placées comme les pattes d’un quadrupède. Les animaux que<br />

James Hall avait vus étaient pour lui des «licornes de mer», et il les dessina donc à<br />

l’image de leurs supposées cousines terrestres et quadrupèdes.<br />

125 The Three Voyages of Martin Frobisher in Search of a Passage to Cathaia and<br />

India by the North-West, Londres, 1867.<br />

126 Voir par exemple Thomas Edge, Voyages, in Purchas, his Pilgrimes,<br />

Glasgow,1906 (1610) , vol.XIII, p.12, ou George Best, cité in Fred Bruemmer, The<br />

Narwhal, Toronto, 1993.<br />

127 William Baffin, The voyages, éd. Hakluyt Society, 1881 (1611), p.71.<br />

-188-

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