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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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des auteurs du XVIIème siècle, revint au latin; pour autant, la licorne n’était plus<br />

l’unicornis médiéval, puisqu’elle était rebaptisée unicornu, et déclinée, fort<br />

logiquement il est vrai, sur le modèle de cornu. Il n’est peut-être pas excessif de<br />

voir dans ce passage de la troisième déclinaison, très ordinaire, à la quatrième,<br />

plus savante, voire pédante, le signe de ce que la licorne n’était plus alors un<br />

véritable sujet d’actualité et de discussion, mais un simple prétexte à une érudition<br />

prétentieuse.<br />

Tous les discours, traités et dissertations sur la licorne parus à partir de<br />

1650 puisent l’essentiel de leur argumentation dans un ouvrage autrement<br />

conséquent qui, ne serait-ce que pour son poids et son épaisseur, mérite une<br />

mention particulière. En 1628, le médecin danois Caspar Bartholin, recteur de<br />

l’université de Copenhague, avait publié un recueil de dissertations, dont l’une<br />

traitait De la Licorne, de ses affinités et de ses succédanés 72 , ces derniers étant les<br />

licornes fossiles de plus en plus utilisées en médecine. En 1645, son fils Thomas<br />

développa ce modeste travail, pour en faire un volumineux ouvrage de près de<br />

trois cents pages. Avec une incroyable érudition, mi-ludique mi-ostentatoire, qui lui<br />

permet de présenter un index auctorum de près de trois cent noms, il développe<br />

longuement tout ce qui touche au thème de la corne unique. L’argumentation est<br />

riche mais souvent confuse, comme le montre cette tentative, assez désespérée,<br />

de résumé des trente-sept chapitres de ses Nouvelles observations sur la licorne:<br />

1- Il existe des hommes à une et à deux cornes, pourquoi n’y aurait-il pas<br />

des animaux à une corne? La corne est symbole de puissance et de faveur divine,<br />

comme le montrent les cornes de Moïse 73 .<br />

2- Il existe des oiseaux, des dragons, des scarabées et des serpents<br />

unicornes; pourquoi n’y aurait-il pas des quadrupèdes unicornes?<br />

3- L’oryx décrit par Aristote est bien unicorne, et est donc distinct de la<br />

gazelle, qui est bicorne. Mais ce n’est pas la licorne (monocéros).<br />

4- Il existe des poissons unicornes.<br />

72 Caspar Bartholin, “De Unicornu ejusque Affinibus et Succedaneis”, in Opuscula<br />

Quatuor Singularia, La Haye, 1628.<br />

73 Une erreur de traduction faisait que la Vulgate présentait en plusieurs endroits<br />

Moïse comme «cornu». Il est d’ailleurs assez souvent représenté avec deux cornes<br />

dans l’iconographie du Moyen-Âge et de la Renaissance, comme sur la célèbre<br />

sculpture de Léonard de Vinci. Alexandre et Attila ont aussi été représentés cornus,<br />

pour symboliser leur puissance.<br />

-165-

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