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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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drogues du pharmacien parisien Pierre Pomet. Très sceptique quant à l’existence<br />

réelle de cette famille de quadrupèdes, Pomet cite cependant, de manière assez<br />

confuse, le Discours de la licorne: «Ambroise Paré, dans un petit traité qu’il a<br />

composé de la licorne dit que dans l’Arabie déserte, il s’y trouve des ânes<br />

sauvages, qu’ils appellent camphurs, portant une corne au front, avec laquelle ils<br />

combattent contre les taureaux, et dont les indiens se servent pour se garantir de<br />

plusieurs maladies, particulièrement des vénéneuses… 26 » Ce passage mélange en<br />

fait des données glanées en divers endroits du texte de Paré, et à voir ainsi<br />

chevaucher, en plein désert d’Arabie, des licornes aux pattes palmées pour<br />

combattre les taureaux, on se prend à penser que les sceptiques étaient moins<br />

sérieux encore que tous ceux qui croyaient à la réalité de la licorne. C’est là, si l’on<br />

excepte des travaux récents qui, ésotériques ou historiques, n’ont que peu à voir<br />

avec l’histoire naturelle, la dernière apparition que nous connaissions du camphur<br />

dans la littérature.<br />

La licorne à deux cornes<br />

Nous avons déjà quelque peu parlé du Pirassouppi thevétien, dont le nom<br />

fut modifié en Pirassoipi par Ambroise Paré, lorsqu’il fut question de l’aspect et de<br />

l’habitat des licornes. Comme son lointain cousin le camphur, la licorne à deux<br />

cornes apparut pour la première fois dans la Cosmographie universelle de 1575, et<br />

son portrait ne semble repris sur aucun ouvrage plus ancien. La description de cet<br />

animal américain «grand comme un mulet, la tête velue en forme d’un ours, tirant<br />

sur le fauve et ayant les pieds fendus comme un cerf» pourrait peut-être<br />

s’appliquer au lama, n’étaient justement ces deux cornes si particulières. En outre,<br />

Thevet situe son pirassouppi au Brésil et non dans la cordillère des Andes. Il reste<br />

que la licorne biscornue peut bien avoir été à l’origine un lama dont un observateur<br />

inattentif aura pris les longues oreilles dressées pour des cornes, la suite de<br />

l’histoire, et notamment la corne trempée dans l’eau, ayant été forgée par le<br />

cosmographe pour rendre son récit plus attrayant. Si Thevet n’affirme avoir vu lui-<br />

même ni camphruch, ni pirassouppi, il nous dit cependant avoir été en possession<br />

26 Pierre Pomet, Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des minéraux<br />

et des animaux, Paris, 1696, pp.9-10 .<br />

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