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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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perdu son pucelage elle perd cette bonne senteur de son corps… 72 ». Et Catelan de<br />

nous signaler plus loin, à l’appui de sa démonstration, qu’un dragon qui terrorisait<br />

une ville d’Italie et auquel on avait coutume d’offrir de temps à autre une jeune fille<br />

en sacrifice «recevait l’offrande des vierges seules, rejetant celles des autres d’où<br />

on prenait occasion d’en punir souvent quelques-unes comme impudiques… 73 ».<br />

L’explication n’est pas neuve. Les textes médiévaux, comme le Bestiaire<br />

d’amour de Richard de Fournival, suggéraient parfois que l’odorat était pour<br />

quelque chose dans l’attirance de la licorne pour les jeunes vierges: «Et je fus pris<br />

également par l’odorat, tout comme la licorne qui s’endort au doux parfum de la<br />

virginité de la demoiselle… Car lorsque son flair lui en fait découvrir une, elle va<br />

s’agenouiller devant elle et la salue humblement et avec douceur comme si elle se<br />

mettait à son service 74 .» Tzetzès, qui commençait sa description du monocéros en<br />

précisant que «cet animal féroce aime les bonnes odeurs» écrivait quelques lignes<br />

plus bas que le jeune homme qui sert d’appât doit être «parfumé avec des arômes<br />

très odorants 75 ». Jamais cependant les spéculations sur l’odor castitatis n’avaient<br />

été poussées aussi loin. Là encore, comme lorsqu’il reprend le récit de Tzetzès,<br />

Catelan veut rendre la licorne plus crédible sans pour autant abandonner les<br />

légendes qui la font merveilleuse. Le moins que l’on puisse dire est qu’en gagnant<br />

du flair, elle perd aussi du charme.<br />

Catelan ne pense pas qu’il soit absolument nécessaire de chasser la licorne<br />

pour se procurer sa corne, puisque «on en rencontre par hasard sous terre<br />

enterrées sous le sable, qu’on présuppose avoir été des licornes mortes, et<br />

desquelles les corps et carcasses par trait de temps ont été consommées, si ce<br />

n’est que telles cornes encore se trouvent en chemin comme tombées des têtes des<br />

licornes en certains âges, comme il advient aux cerfs et aux éléphants 76 ».<br />

72 H.L., pp.71-72.<br />

73 H.L., p.72.<br />

74 Richard de Fournival, Bestiaire d’amour, in G. Bianciotto, Bestiaires du Moyen-<br />

Âge, Paris, 1980. Voir aussi supra, t.I, p.47.<br />

75 Conrad Gesner, Historia Animalium, Liber Primus, de Quadrupedibus Viviparis,<br />

Francfort, 1625 (1551), p.692.<br />

Johannes Tzetzès, Chiliad V, in Variarum Historiarum Liber, Bâle, 1546, p.86.<br />

76 H.L., pp.18-19.<br />

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