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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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descriptions d’animaux unicornes par Pline, mais aussi Ctésias, Élien ou Aristote, au<br />

rhinocéros ou aux antilopes, notamment à l’oryx. Pour autant, il ne rejette pas<br />

totalement les témoignages de son temps, mais les disqualifie en écrivant, à<br />

propos des antilopes, qu’«il est possible qu’on ait vu quelquefois de ces<br />

quadrupèdes réellement unicornes, soit par une mutilation accidentelle, soit par<br />

une défectuosité de naissance». Malgré cette nuance, c’est bien un démenti formel<br />

qui était apporté ici, par la plus haute autorité de l’époque en la matière, à tous<br />

ceux qui voulaient encore croire à une possible découverte de la licorne<br />

Il ne suffit pas à convaincre, comme le montre ce commentaire du père<br />

Charles Cahier, responsable en 1851 de la première édition moderne et complète<br />

de plusieurs bestiaires médiévaux: «Malgré mon indignité, et malgré l’exclusive<br />

formelle donnée par le savant G. Cuvier à toute licorne passée ou future, j’avoue<br />

que je ne désespère pas du tout de l’avenir pour cet animal si décrié après tant de<br />

panégyriques. La corne sera mobile ou non, persistante ou caduque, ce n’est pas<br />

ce qui m’importe; mais elle sera unique, j’ose m’y attendre; et l’unicorne figurera<br />

dans nos collections à côté de l’ornithorynque, qui était bien aussi improbable<br />

qu’elle avant qu’on nous l’eût envoyé, ou bien dans le voisinage des ptérodactyles,<br />

qui avaient été à peu près aussi absurdes aussi jusqu’au moment où ils ont reparu<br />

quasi de toutes pièces 85 .» Si c’est encore à une licorne bien réelle, qu’elle fût<br />

vivante ou éteinte, que pensait le père Cahier, on devine pourtant dans son ton<br />

léger les préoccupations esthétiques qui feraient que l’espèce des chasseurs de<br />

licorne ne s’éteindrait pas avec celle de la licorne.<br />

La croyance en l’existence de la licorne ne devint pas pour autant l’apanage<br />

des néophytes et des artistes. Les dictionnaires publiés dans les années 1830 et<br />

1840 laissent généralement la question ouverte. Leurs articles, entièrement écrits<br />

au conditionnel, suggèrent cependant la présence de l’animal en Afrique. Le plus<br />

déroutant est sans doute le plus répandu des dictionnaires allemands, le<br />

Brockhaus, qui dans son édition de 1833, à l’entrée «Einhorn» indique simplement<br />

et assez brutalement «s. Giraffe» (voir Girafe). La lecture de l’article «Giraffe» nous<br />

apprend en effet que, selon certains, cet animal porterait, entre ses deux petites<br />

cornes, une troisième plus petite encore, ce qui rendrait plausible l’existence de<br />

quadrupèdes unicornes de la famille des antilopes.<br />

85 Charles Cahier, “Le Physiologus ou bestiaire”, in Mélanges d’archéologie, t.II,<br />

1851, p.225.<br />

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