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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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dissertation qu’il annexa en 1728 à sa traduction du récit de Jérôme Lobo,<br />

confirmait ainsi les dires du missionnaire: «On a douté longtemps s’il y avait des<br />

licornes: ceux qui en ont écrit ne convenaient point entre eux, et ont mêlé tant de<br />

fables dans ce qu’ils en ont rapporté, qu’on avait encore plus de raison de n’en rien<br />

croire. Cet animal est rare, on n’en a vu que dans le royaume de Damot et dans la<br />

province des Agouz. Il est sauvage, mais bien loin d’être féroce, il est si timide qu’il<br />

ne va jamais qu’en compagnie d’autres animaux. Lorsqu’il passe d’une forêt dans<br />

une autre, il court avec tant de rapidité qu’il se dérobe bientôt à la vue. De là vient<br />

que les uns le font plus grand, les autres plus petits, les uns d’un poil, les autres<br />

d’un autre… 10 »<br />

A propos d’une pierre gravée représentant une licorne s’endormant dans le<br />

giron d’une jeune vierge, le bénédictin Bernard de Montfaucon écrivait en 1724 que<br />

«il y en a encore qui doutent de l’existence de la licorne. Mais je ne vois pas qu’il y<br />

a lieu de pousser l’incrédulité si loin… les RR.PP. jésuites portugais qui ont demeuré<br />

longtemps en Éthiopie… disent qu’ils ont vu plusieurs fois cet animal, et qu’ils ont<br />

même nourri chez eux un faon de licorne. Il parait qu’il n’y a nul lieu de douter que<br />

la licorne se trouve véritablement en Éthiopie. Il y a cependant bien des gens qui<br />

en doutent encore 11 .»<br />

Quelques années plus tard, un autre bénédictin, l’espagnol dom Benoit-<br />

Jérôme Feijoo (1701-1764), publia un discours attaquant la théorie populaire de la<br />

dégénérescence du monde: «Quelques auteurs, partisans de l’opinion commune sur<br />

la vieillesse du monde, allèguent qu’aujourd’hui on n’a plus dans l’univers certaines<br />

espèces, qui y étaient dans les siècles passés. De ce nombre sont, disent-ils, entre<br />

les poissons, le Muret ou Pourpre, avec le sang duquel on teignait les habits des<br />

rois; entre les bêtes brutes, le monoceros ou la licorne; entre les oiseaux, le<br />

phénix; entre les plantes, le cinnamome; entre les pierres, l’amiante… Le défaut de<br />

ces espèces, ajoutent-ils, prouve que la terre manque de vertu pour produire les<br />

les chasseurs avec une fureur incroyable, frappant de sa corne et des pieds de<br />

derrière les hommes et les chevaux. Il ne succombe que quand il est hérissé de<br />

traits et qu’il a perdu son sang et la vie. Aussitôt les Indiens lui coupent la corne du<br />

front et celle des pieds que l’on dit être d’un vermeil ou cinabre parfait, et ils<br />

emmènent les petits qu’ils familiarisent peu à peu.» C’est l’une des très rares<br />

allusions à une licorne apprivoisée, et c’est à notre connaissance la seule référence<br />

à un manège de licornes.<br />

10 Joachim Legrand, “Dissertation sur la côte orientale d’Afrique”, in Relation<br />

historique d’Abyssinie, Paris, 1728, pp.230-231.<br />

11 Bernard de Montfaucon, Supplément à l’Antiquité expliquée, Paris, 1724, t.III,<br />

ch.IX, p.37.<br />

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