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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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Néanmoins, Catelan laisse entendre que des pièces de moindre taille ou<br />

beauté peuvent fort bien être fausses, et cela imposait le recours à quelques tests<br />

permettant de distinguer la «vraie et légitime» corne de licorne.<br />

La vraie et légitime corne de licorne<br />

«…car il faut en premier lieu que jetée dans l’eau, que d’icelle s’élèvent de<br />

petites vessies luisantes et belles comme fines perles. Secundo, que l’eau bouille<br />

visiblement et qu’approchant l’oreille contre le verre plein d’eau dans lequel sera<br />

ladite corne que l’on entende l’eau bruire et grignoter dans le verre. Tertio, on dit<br />

que la bonne et récentement arrachée de la bête doit… avoir sur le feu quelque<br />

odeur musquée contre l’ordre de toutes les cornes du monde qui sont en les<br />

brûlant fétides et puantes. Quarto, quelques uns assurent que si on approche de la<br />

licorne quelque poison, une araignée, un crapaud, une vipère ou autre semblable<br />

bête venimeuse, que la bête crève et meurt, et ladite corne se rend moite et sue<br />

comme si elle avait été mouillée 84 .» Rappelons, une fois encore, que le crapaud<br />

passait alors pour porteur d’un venin mortel.<br />

La batterie de tests que suggère Catelan pour distinguer la vraie corne de la<br />

fausse n’a rien d’original, puisqu’on la retrouve à peu près à l’identique dans tous<br />

les ouvrages des XVIème et XVIIème siècles sur le sujet, parfois pour la défendre<br />

(Bacci, Bartholin), parfois pour la ridiculiser (Marini, Paré). Les premières<br />

recherches expérimentales effectuées sur les cornes de licorne ne visaient donc ni à<br />

savoir si la licorne existait, ni même à vérifier les propriétés presque magiques<br />

attribuées à sa corne, mais plus modestement à distinguer les vraies cornes des<br />

fausses. Ces tests, totalement absents de la littérature médiévale, même tardive,<br />

étaient apparus vers le milieu du XVIème siècle, qui fut aussi l’époque où le trafic<br />

de corne de licorne était le plus florissant. C’est donc, à travers un exemple certes<br />

paradoxal, aux débuts de la méthode expérimentale que nous assistons ici.<br />

Les deux premiers tests présentés par Laurent Catelan sont relativement<br />

efficaces. La plupart des cornes de licorne tenues pour authentiques étaient des<br />

défenses de narval, donc des dents, dont la nature biologique est bien différente de<br />

84 H.L., pp.23-24.<br />

-95-

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