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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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quantité dans les marais de ce royaume 88 .» La encore, malgré quelques détails<br />

erronés ou curieux - corne sur le front, pattes sans jointure aux genoux, corne<br />

présentant des images merveilleuses «d’hommes, de paons, de poissons 89 » - on<br />

s’attendrait à ce que l’éditeur du texte discute de l’identité de ce carcadan avec le<br />

rhinocéros. L’abbé Renaudot appelle pourtant licorne cette peu élégante créature<br />

et, dans les quelques pages de commentaires qu’il consacre à ce passage, disserte<br />

longuement du monocéros de Pline et des licornes d’Éthiopie décrites par le père<br />

Lobo, sans jamais citer ne serait-ce que le nom du rhinocéros 90 . A cette date, il<br />

était encore admis que le monocéros de Pline et la belle licorne étaient un seul et<br />

même animal, ce qui conduisait inévitablement à assimiler à la seconde tout animal<br />

qui correspondait à la description du premier, et donc de nombreux rhinocéros,<br />

pour peu que l’auteur du rapport ait, par erreur, placé sa corne sur le front.<br />

Le rhinocéros blanc<br />

La dernière tentative pour identifier la licorne au rhinocéros trouve sa source<br />

dans l’Histoire naturelle de Pline et dans la curiosité d’un expatrié français. En<br />

1844, le Journal asiatique publia une lettre de Fulgence Fresnel, agent consulaire<br />

français à Djeddah, dans laquelle celui-ci dépeint minutieusement un animal qui lui<br />

avait été décrit par des indigènes, mais que lui même reconnaît ne pas avoir<br />

observé: «Il y a dans le Dar Borgou… à l’est du fameux lac central, non pas une<br />

licorne chevaline, comme on se la figurait au Moyen-Âge, mais une licorne<br />

comparable au taureau sauvage ou au buffle. En lui donnant l’épithète de bos, urus<br />

ou bison, je n’ai pas la moindre intention de classer l’animal dans le sens<br />

zoologique, car je le tiens pachyderme et non ruminant. Mais je veux, autant que<br />

possible, rendre la pensée de celui qui me l’a décrit minutieusement, et dont la<br />

description donne un sens rationnel à divers passages de la Bible… L’animal que je<br />

décris est beaucoup plus trapu, beaucoup plus ramassé dans sa forme qu’aucun<br />

des ruminants connus, y compris le bison, ses trois dimensions étant à peu près<br />

88 Anciennes Relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans<br />

qui y allèrent dans le neuvième siècle, Paris, 1718, p.22.<br />

89 Dans le deuxième voyage de Sindbad, on lit que la corne du karkadann /<br />

rhinocéros, coupée en deux, montre la figure d’un homme. Voir aussi l’article<br />

Unicorne du Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges et Margarita<br />

Guerrero, Gallimard, coll. l’imaginaire, pp.215-217.<br />

90 Anciennes Relations des Indes et de la Chine …, p.210.<br />

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