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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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heureusement contre la peste, contre toutes maladies contagieuses, et contre toute<br />

sorte de poisons et venins. Mais d’autant que plusieurs de ceux qui pourraient avoir<br />

besoin de ce remède n’ont pas de quoi l’avoir, ni le payer comme il faut à cause de<br />

sa rareté, c’est pourquoi je suis d’avis qu’il n’y ait que ceux qui sont bien riches qui<br />

le recherchent à quel prix que ce soit et conseille aux autres qui sont pauvres qu’ils<br />

se servent du rhinocérot, ou de celle du cerf (principalement de la plus tendre) au<br />

lieu et place de la corne de licorne, et ils trouveront qu’elle n’est de guère moins<br />

efficacieuse, ainsi que je l’ai souvent expérimenté 46 ». Cette idée nous semble<br />

d’autant plus étrange que les propriétés de la corne de cerf étaient plus faciles à<br />

vérifier que celles de la corne de licorne, mais Paré fut le premier, à la fin du<br />

XVIème siècle, à appliquer la méthode expérimentale à la corne de licorne. Et puis,<br />

Renou ne nous assure-t-il pas avoir lui-même «souvent expérimenté» la corne de<br />

cerf…<br />

Modernité du cosmographe<br />

L’œuvre foisonnante d’André Thevet présente, pour l’histoire du mythe de la<br />

licorne, un double intérêt.<br />

La belle cavale blanche à la corne spiralée était à la fin du XVIème siècle,<br />

tout comme les féroces Amazones, l’hôte obligé de bien des compilations savantes,<br />

et pas seulement de trop ambitieuses cosmographies. Le modernisme de la<br />

Renaissance finissante se traduisait en effet, non par un renoncement à traiter des<br />

peuples ou créatures à l’existence pour le moins problématique, mais simplement<br />

par l’ouverture claire d’un débat quant à leur réalité géographique et historique.<br />

Nul besoin de croire à la licorne pour parler de cet animal dans une cosmographie,<br />

un traité d’histoire naturelle ou un ouvrage de médecine, et si la plupart des<br />

auteurs exprimaient leurs doutes, bien peu allaient jusqu’à ignorer totalement<br />

l’animal. Tout au contraire, cette incertitude affichée était une sorte d’excuse<br />

scientifique permettant d’aborder, par prétérition, les thèmes les plus<br />

extraordinaires, les plus farfelus, les plus «curieux», pour employer la langue<br />

d’alors. De ce point de vue, l’œuvre de Thevet est assez représentative de la<br />

littérature érudite de la Renaissance finissante. Ses positions, tant sur l’existence<br />

46 Les Œuvres pharmaceutiques du Sieur Jean de Renou, Lyon, 1636, ch.XXI,<br />

p.450.<br />

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