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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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En témoignent, par exemple, les représentations d’Orphée charmant les<br />

bêtes sauvages 147 . Graphiquement, cette scène est l’anamorphose de celle, dont<br />

nous avons déjà abordé l’iconographie, où Adam nomme les animaux. Peu<br />

nombreuses dans les rares miniatures médiévales représentant cet épisode<br />

mythologique, dans les manuscrits des Métamorphoses d’Ovide, des<br />

Métamorphoses moralisées ou de l’Épître d’Othéa de Christine de Pisan, les bêtes<br />

se multiplièrent sur les peintures, gravures et émaux de la Renaissance 148 . Une<br />

vaste série d’objets - assiettes, coupes, plaquettes, revers de miroirs - en<br />

porcelaine émaillée des XVIème et XVIIème siècles sont exposés au musée de<br />

Louvre, dans le département des objets d’art. Leurs couleurs vives, leurs reliefs<br />

arrondis, choquent le goût d’aujourd’hui, et le visiteur plus soucieux de plaisir<br />

esthétique que d’histoire ne daigne pas toujours leur accorder un regard. Qui le fait<br />

constatera que la scène d’Orphée charmant les animaux y est fréquemment<br />

représentée et que, seule de toutes les créatures issues de l’imaginaire antique ou<br />

médiéval, la licorne y figure, souvent au premier rang 149 , preuve qu’elle était tenue<br />

pour un animal sinon réel, du moins «normal», ce que n’étaient plus ni le griffon, ni<br />

le dragon, ni même le petit basilic.<br />

147 Sur l’iconographie d’Orphée, voir la belle thèse d’Isabelle Fessaguet, Les<br />

Métamorphoses d’Orphée: Le mythe d’Orphée dans les arts en Italie de 1470 à<br />

1607, EHESS, 1987, dans laquelle cette scène est cependant peu étudiée.<br />

148 Outre les exemples représentés plus haut, citons le curieux pavement de<br />

marbre multicolore de la chapelle Sainte Catherine, dans la cathédrale de Sienne,<br />

réalisé dans la seconde moitié du XVIème siècle, peut-être d’après des dessins de<br />

Francesco di Giorgio. Orphée n’y tient plus une lyre, mais un miroir, et des<br />

interprétations symboliques assez convaincantes de cette œuvre étrange ont pu<br />

être proposées (voir Robert H. Hobart Cust, “On some overlooked Masterpieces”, in<br />

The Burlington Magazine, 1904, pp.256-263, et André Chastel, Art et humanisme à<br />

Florence au temps de Laurent de Médicis, Paris, 1959, p.274).<br />

Sur une belle peinture italienne de la fin du XVème siècle, attribuée au Maître de<br />

Stratonice et représentant l’ensemble de l’histoire d’Orphée et Eurydice, on voit<br />

une licorne blanche, stylisée, à très courte corne, accueillant Orphée à sa sortie des<br />

enfers, peuplés quant à eux de centaures et satyres. (voir Francesco di Giorgio e il<br />

Rinascimento a Siena, Milan, Electa, 1993, p.283). Les gravures similaires aux<br />

deux représentées dans le texte sont très nombreuses; parmi d’autres, citons celle<br />

qui figure dans Crispin de Passe, Metamorphoseon Ovidianarum, Cologne, 1602.<br />

149 Les plus belles sont sur une assiette en porcelaine émaillée de la fin du XVIème<br />

siècle et sur un revers de miroir du début du XVIIème, portant les numéros<br />

d’inventaire R 514 et MR 2624.<br />

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