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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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seu unicornu jubatus de la planche XI est visiblement repris de la gravure,<br />

antérieure de quelques années, figurant le camphur dans l’ouvrage de Bartolomeo<br />

Ambrosino. Seules différences, le museau de chat-phoque est devenu une plus<br />

classique tête de mouton, et les pattes arrière ne sont qu’à demi palmées,<br />

montrant ainsi une tentative pour réintégrer cette licorne dans la norme des<br />

quadrupèdes terrestres, tentative aboutie avec la gravure suivante, monoceros seu<br />

unicornu aliud, où l’animal a légèrement évolué, prenant une silhouette<br />

franchement chevaline et perdant totalement ses palmes. Tandis que le camphur<br />

redevenait, de gravure en gravure, une licorne classique, l’idée thevétienne d’une<br />

licorne amphibie persistait néanmoins, comme en témoignent deux autres gravures<br />

du livre de Jonston. Le capricornus marinus de la planche X, emprunté à La curiosa<br />

raccolta de diversi animali quadrupedi d’Antonio Tempesta, s’il a une tête de licorne<br />

classique, avec une petite barbiche et une corne fort courte, a également, et très<br />

nettement cette fois, les pattes arrière palmées caractéristiques du camphur. On<br />

trouve aussi, sur la planche XII, un hippopotame unicorne assez laid, curieusement<br />

baptisé lupus marinus, et que l’on serait bien en peine d’assimiler à la belle licorne<br />

s’il n’était le seul des huit animaux unicornes présentés dans ces planches à être<br />

montré, en arrière plan, trempant sa corne dans l’eau pour faire fuir les serpents.<br />

Tous ces animaux étant classés parmi les licornes, celle-ci était donc devenue, dans<br />

l’ouvrage de Jonston, un véritable animal marin.<br />

Pharmaciens et médecins, souvent lecteurs de Paré, firent également assez<br />

bon accueil au camphur. Selon le médecin allemand Johann Schenck, en 1600, sa<br />

corne est aussi efficace contre le poison que celle du véritable monoceros 23 . En<br />

1624, pour l’apothicaire montpelliérain Laurent Catelan, le «Camphurc» est l’une<br />

des huit variétés de quadrupèdes unicornes 24 . Après l’oryx unicorne et avant<br />

l’«unicorne des mers boréales», médiocre description du narval, le camphur est le<br />

deuxième des six animaux unicornes énumérés par Caspar Bartholin dans son court<br />

traité sur la licorne 25 .<br />

Le Camphur fait partie, avec le pirassoipi également d’origine thevétienne,<br />

des cinq espèces de licornes représentées, en 1694, dans L’Histoire générale des<br />

23 Johann Schenck, Observationum Medicarum, Rararum, Novarum, Admirabilium<br />

et Monstrosarum, Francfort, 1600, tome II, liv.VII, p.865.<br />

24 Laurent Catelan, Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usage de la<br />

lycorne, Montpellier 1624, p.6.<br />

25 Caspar Bartholin, De Unicornu ejusque Affinibus et Succedaneis, La Haye, 1628,<br />

pp.7-8.<br />

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