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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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cité, et l’auteur de l’article pense que, puisque les licornes d’Europe se sont avérées<br />

être des dents de narvals, les licornes fossiles déterrées en Sibérie sont<br />

vraisemblablement des dents de narvals fossilisés. L’hypothèse des ossements de<br />

mammouths n’est même plus évoquée. «Il est fâcheux, lit-on par ailleurs, que le<br />

squelette dont parle Leibniz n’ait pas été plus soigneusement examiné, et il y a tout<br />

lieu de croire que cette corne appartenait réellement à un poisson.»<br />

L’ambition de l’Encyclopédie était de présenter l’état des connaissances en<br />

ce milieu du XVIIIème siècle. Pour la science des Lumières, il n’existait donc ni<br />

licorne vivante, ni licorne passée, et le sujet, sans grand intérêt pratique ni<br />

philosophique, ne méritait guère que l’on s’y attarde.<br />

La licorne n’apparaît d’ailleurs qu’une seule fois dans l’œuvre de Voltaire.<br />

Comme dans les bestiaires de la fin du Moyen-Âge, elle est «le plus bel animal, le<br />

plus fier, le plus terrible et le plus doux qui orne la terre 39 ». Mais la blanche cavale,<br />

«monture ordinaire des Gangarides», ne vit désormais plus en Inde, ni en Éthiopie,<br />

mais dans l’univers décalé et fantastique des contes philosophiques.<br />

Notes et commentaires<br />

La Disquisitio Naturalis de Unicornu de Simon Friedrich Frenzel, dernière<br />

dissertation académique sur le sujet, parut en 1679. En 1797, le Journal des<br />

sçavans publia un article Sur l’Existence de la licorne. Entre ces deux dates,<br />

pendant plus d’un siècle, nous n’avons pu trouver aucun texte entièrement<br />

consacré à la licorne; l’animal ne passionnait plus guère les lettrés. Au XVIème<br />

siècle, les grands esprits manifestaient leur indépendance en s’attaquant à<br />

l’innocente licorne. Au XVIIème, les savants prétextaient sa défense pour faire<br />

étalage de leur foi et de leur érudition. Les hommes des Lumières se sont plus<br />

préoccupés d’histoire naturelle que d’histoires des animaux; dans le nouveau débat<br />

intellectuel, la licorne n’avait plus sa place.<br />

Le nouveau catalogue informatique de la Bibliothèque nationale, qui porte le<br />

doux nom de «conversion rétrospective», est une arme d’une grande utilité au<br />

chasseur de licorne. En quelques secondes, il trouve des dizaines d’ouvrages,<br />

parfois inattendus, dont le titre comprend «licorne», «unicornis», «unicornu» ou<br />

«monoceros». Mais ce flot de littérature savante s’interrompt brutalement vers<br />

39 Voltaire, La Princesse de Babylone.<br />

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