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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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décadence, en était exclue. Les intervenants devaient donc défendre leur opinion<br />

avec clarté et brièveté, en apportant toutefois à un public difficile tous les éléments<br />

d’une controverse dans laquelle s’étaient investis des hommes parmi les plus<br />

savants du temps. Cet objectif était généralement atteint, et nous pouvons trouver<br />

dans les huit pages de cette conférence presque tous les arguments régulièrement<br />

avancés pour défendre, ou pour nier, l’existence de la licorne, ainsi qu’une grande<br />

partie de ceux concernant les propriétés médicales de sa corne. Le débat sur la<br />

réalité de l’animal n’était en effet jamais totalement distinct de celui sur l’usage de<br />

sa corne éponyme.<br />

Ce texte relativement bref étant tout à la fois une illustration et un résumé<br />

de la controverse sur l’existence de la licorne, nous nous permettrons de le citer<br />

dans son intégralité.<br />

Le premier orateur, qui ne croyait guère ni à l’existence de la licorne, ni aux<br />

propriétés merveilleuses encore souvent attribuées à sa corne, commence par<br />

situer la discussion dans une problématique alors fréquente, celle des «erreurs<br />

populaires touchant la médecine 78 ». Même les habitués du Bureau d’Adresse,<br />

lorsqu’ils s’attaquaient à des opinions longtemps admises, y voyaient des croyances<br />

«populaires» et «vulgaires» plutôt que les erreurs des anciens:<br />

«Toute la terre étant pleine d’erreur, la médecine en a pris bonne part, et<br />

comme il n’y a rien de plus cher que la vie, les hommes se sont laissés aisément<br />

porter à croire l’effet des choses qui la devaient conserver et défendre des venins<br />

qui l’attaquent plus dangereusement qu’aucun autre ennemi. C’est pourquoi il ne se<br />

fait point en cet art de plus grandes impostures que sur le sujet des alexitères, telle<br />

qu’on a voulu rendre la Licorne. Mais je suis trompé si cette créance ne doit passer<br />

pour une des erreurs populaires. La première raison se tire de la contrariété d’avis<br />

qui se trouve dans tous les auteurs. Philostrate en la vie d’Apollonius de Thiane dit<br />

que l’animal de ce nom est un âne qui se trouve dans les marais des Colques,<br />

ayant une seule corne au front, avec laquelle il se bat furieusement contre<br />

l’éléphant 79 . Cardan après Pline dit que c’est un cheval, et c’est la forme sous<br />

78 Parmi d’autres, signalons deux traités de médecine axés sur cette<br />

problématique qui connurent un grand succès et furent rapidement traduits en<br />

langue vulgaire, le De Vulgi Erroribus in Medicina de Jacques Primerose (1639), et<br />

le Pseudodoxia Epidemica de Thomas Browne (1646).<br />

79 Philostrate, Vie d’Apollonius de Thyane, III, 1. Le biographe écrit que, durant<br />

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