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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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se combattent par les contraires, pour les spagyristes, les maladies se guérissent<br />

par les «semblables», c’est à dire les remèdes présentant avec elles des<br />

correspondances exprimées par un rapport de similitude.<br />

Dans ce débat théorique, les praticiens avaient rarement des positions bien<br />

tranchées. A feuilleter les traités de médecine du XVIème siècle, on voit souvent<br />

alterner dans le même livre, selon qu’il est question d’une maladie ou d’une autre,<br />

humeurs et essences, contraires et semblables. Il est bien peu de ces volumineux<br />

ouvrages dont on puisse sans la moindre ambiguïté classer l’auteur parmi les<br />

galénistes ou les spagyristes. Laurent Catelan pourtant appartient sans nul doute<br />

aux seconds.<br />

Le raisonnement par lequel l’apothicaire montpelliérain explique les<br />

propriétés de contrepoison de la corne de licorne est basé sur deux postulats. Tout<br />

d’abord, il suppose l’existence d’une virulence essentielle, indépendante des quatre<br />

humeurs dont il n’est même pas question ici. D’autre part, Catelan admet la théorie<br />

paracelsienne selon laquelle «les semblables s’attirent». Ces deux hypothèses<br />

scientifiques clairement affirmées suffisent à rattacher sans la moindre équivoque<br />

Laurent Catelan à l’école spagyrique, et ce d’autant plus que le nom de Galien<br />

n’apparaît pas une seule fois dans l’Histoire de…la lycorne, alors que le petit traité<br />

de médecine du philosophe néoplatonicien Marsile Ficin y est cité à plusieurs<br />

reprises. Une seule fois dans tous le cours de l’ouvrage, Catelan a recours au<br />

raisonnement humoral («le venin que peuvent avoir jeté les dragons et couleuvres<br />

dans l’eau susmentionnée ne peut être que d’une qualité chaude et brûlante, et la<br />

corne comme fétide n’est que chaude et sèche, si que ce ne sont pas de qualités<br />

contraires… 118 »), mais c’est pour laisser la parole à ses contradicteurs, et leur<br />

répondre en arguant de la «virulence» de la corne.<br />

Un an plus tôt, dans le Traité de l’origine, vertus, propriétés et usage de la<br />

Pierre Bezoar, Catelan avait tenu exactement le même discours pour justifier<br />

l’usage du Bézoard comme contrepoison. Mais autant le caractère «virulent» et<br />

«infect» des calculs rénaux ou stomacaux de divers animaux était aisé à mettre en<br />

avant, autant la tâche était ardue s’agissant de la longue corne de l’amie des<br />

jeunes vierges. Il devenait en effet nécessaire de faire de la licorne une créature<br />

rendu du débat tenu le 17 septembre 1640 au Bureau d'Adresse de Théophraste<br />

Renaudot, “Si les maladies se guérissent par leurs contraires ou par leurs<br />

semblables”, in Quatriesme Centurie des conférences tenues au Bureau d'adresse,<br />

Paris, 1641, pp.313-316.<br />

118 H.L., p.36.<br />

-108-

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