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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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eussent eu la connaissance des choses comme moi, et vu les pays et régions que<br />

j’ai traversés, à grand peine se fussent oubliés jusques à là, que de faire croire à la<br />

postérité ce qu’ils avaient songé, sans s’enquérir plus avant de la certitude des<br />

choses. Qui est celui qui ajoutera foi audit Pline, disant que près le fleuve Gange et<br />

au pays voisins se trouvent des griffons, oiseaux de si grande force qu’ils portent<br />

un homme armé, et icelui tout à cheval, en l’air, et en vont prendre curée ? Qui<br />

pourra croire ce qu’il affirme des Sirènes en mer, suivant comme vérité les fables<br />

d’Homère à la navigation d’Ulysse? Qu’il y a une région d’hommes qui ont la tête<br />

comme un chien, et de ceux qui n’ont qu’un pied…… Ne voila pas de beaux contes,<br />

et aussi plaisants que pouvaient être ce qu’aucun assurent avoir vu des satyres,<br />

pour ce qu’il y a une île qui en porte le nom. Quant à Louis Barthème, je sais qu’il<br />

se fait accroire d’avoir vu des licornes à La Mecque, mais c’est une chose avancée<br />

par lui. Pour autant que s’il y en avait en l’Arabie heureuse, où est bâtie cette ville,<br />

je les eusse aussi bien vues, ayant passé les trois Arabies, et peut être plus<br />

diligemment visitées qu’il le fit oncques. Au reste, quoique je n’ai voyagé jusques<br />

au fleuve Gange, si n’en ai pas été trop loin, et ai si curieusement fait enquête et<br />

recherche de toute chose, que mon plus grand plaisir et soin a toujours été de<br />

savoir la vérité de ceux même du pays, tant seigneurs, marchands qu’esclaves,<br />

m’étant adressé jusques aux plus notables de ceux qui avaient visité de plus près<br />

les montagnes de Comul, Naugracot, Ussonte, Carazan, Ceila, Garmi, Macha, Suza<br />

et autres pays voisins de cette grande rivière. Desquels toutefois je n’ai pu onc<br />

tirer, pour quelque peine que j’y ai mise, ce que le vulgaire croit sur ceci: qui tous<br />

généralement ne savent que c’est. Je demanderais donc volontiers, si les étrangers<br />

en sont plus assurés que ceux du pays, qui sont aussi curieux que nous, de choses<br />

tant rares. Et à vous dire la vérité, ces cornes que l’on nous fait voir en France ou<br />

ailleurs sous le nom de licorne sont d’autres bêtes que celles qu’on nous représente<br />

en peinture. Et ne faut s’arrêter simplement sur ce mot latin Unicorne, nom général<br />

à toute bête n’ayant qu’une corne, comme aussi le psalmiste en parlant ne la<br />

spécifie point, vu qu’il ne décrit rien que la fureur d’icelle. Étant ébahis, d’où vient<br />

que nous voulons prendre appui sur l’antiquité touchant la preuve de ceci, encore<br />

que pas un des anciens n’en ait eu connaissance. Joint, que si les Romains eussent<br />

oui parler de chose si exquise, ils en eussent aussi bien recouvert et mis en leurs<br />

monnaies et médailles qu’ils ont fait des crocodiles, éléphants, aigles, panthères,<br />

lions, tigres et autres bêtes étrangères et monstrueuses. Les anciens simplicistes<br />

ont bien connu la corne indique, mais encore est elle toute différente à celle dont<br />

nous parlons. Qui me fait penser que ce soit quelque dent d’éléphant ainsi crénelée<br />

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