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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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celle des cornes. Microporeuse, donc susceptible de produire un bouillonnement<br />

assez intense lorsqu’elle est plongée dans l’eau, une dent contient peu de matière<br />

organique et brûle difficilement, sans odeur forte. A l’opposé, les cornes ont une<br />

faible porosité et dégagent en brûlant une épaisse puanteur. Quant aux os fossiles<br />

qui ont pu également passer pour cornes de licornes, ils sont lisses mais ne brûlent<br />

pas. Du tableau suivant, qui résume le résultat que l’on serait en droit d’attendre<br />

de ces expériences, on peut déduire que la défense de narval est sans aucun doute<br />

la plus authentique des cornes de licorne.<br />

Test «des bulles» Test «du feu»<br />

Défense de narval Positif Positif<br />

Corne Ambigu Négatif<br />

Os fossile Négatif Positif<br />

La licorne de Laurent Catelan, s’il s’agissait comme nous le pensons d’une<br />

corne d’antilope, n’aurait pas passé le test du feu. Mais là n’est sans doute pas<br />

l’essentiel, car l’apothicaire montpelliérain ne pouvait que reprendre les<br />

expériences qui figuraient depuis le milieu du XVIème siècle dans la plupart des<br />

textes sur la corne de licorne. Dès 1557, Jérôme Cardan soucieux de distinguer les<br />

vraies licornes des fausses, suggérait de tremper la corne suspecte dans l’eau<br />

fraîche, qui devait alors bouillonner si la corne était authentique. Il reste que si la<br />

fausse corne était, comme le pensait Cardan, faite d’ivoire taillée, le<br />

bouillonnement produit n’était pas moindre qu’avec une «authentique» défense de<br />

narval 85 .<br />

Le troisième test semble encore plus déterminant, puisqu’il est le seul fondé<br />

sur les effets thérapeutiques de la poudre de licorne. C’est un pas de plus vers la<br />

recherche expérimentale, puisque même si son objectif affiché était simplement de<br />

vérifier l’authenticité de la corne, ses propriétés médicinales étaient en même<br />

temps mises à l’essai. Un animal venimeux maintenu à côté d’une authentique<br />

corne de licorne serait censé mourir tandis que la corne se mettrait à suinter.<br />

Prudent, l’apothicaire, dont la corne avait peut être quelque difficulté à passer cet<br />

examen, précise plus loin que «souvent les cornes de licorne que nous avons ne<br />

font pas telles choses, et ne font crever ni crapauds ni araignées, ni ne donnent<br />

aucune sueur apparente comme a été dit et allégué. Il faut dire d’icelles, ce que<br />

85 Jérôme Cardan, De Rerum Varietate, Bâle, 1557, liv.XVII, ch.97, p.1164.<br />

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