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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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d’explication scientifique de l’attirance de la licorne pour les vierges pures, qui<br />

serait due à l’odeur particulière de la chasteté, mais nous avons vu que le médecin<br />

zurichois restait néanmoins très sceptique quant à la réalité de cette technique de<br />

chasse. Le Discorso dell’alicorno d’Andrea Bacci, paru à Venise en 1566, fait plus de<br />

place au merveilleux qu’aucune autre des monographies sur la licorne publiées à<br />

cette époque, mais l’auteur y regroupe néanmoins les citations bibliques, les<br />

légendes de la chasse à la licorne et de la purification des eaux, ainsi que quelques<br />

considérations sur les devises et les médailles, dans un très bref chapitre traitant<br />

des «figures et allégories de la licorne» 34 .<br />

Même les prédicateurs chrétiens délaissèrent peu à peu la légende de la<br />

vierge et de la licorne. Lorsque, dans son Sermon sur les brebis perdues, Martin<br />

Luther utilisa l’image de la licorne, les mœurs de l’animal avaient bien changé. «Le<br />

Christ, écrit-il, est comparable à une licorne, dont on prétend qu’elle ne peut être<br />

capturée vivante. On dit qu’on peut la poursuivre à en perdre haleine; elle peut<br />

être touchée, blessée et même tuée, mais on ne peut s’en emparer vivante 35 .» Ce<br />

n’est plus au Physiologus chrétien et médiéval que Luther empruntait le support de<br />

son allégorie, mais à l’antique Pline disant de son monocéros «cette bête sauvage<br />

ne peut être capturée vivante 36 ».<br />

Les ouvrages plus particulièrement consacrés au symbolisme furent les<br />

derniers à faire une place importante aux légendes et aux allégories. En 1618, le<br />

théologien jésuite Nicolas Caussin (1583-1651), confesseur de Louis XIII, dans son<br />

Polyhistor Symbolicus, cite la scène de la capture de la licorne par une vierge et<br />

celle de l’animal trempant sa corne dans un flot impur. Il exprime de forts doutes<br />

quant à la réalité de la première, «qui n’est mentionnée que par Albert le Grand»,<br />

mais semble croire à la véracité de la seconde: «La corne de licorne est un remède<br />

contre tous les venins. De même, en Afrique, où, à cause de la multitude de<br />

serpents, les fleuves sont souvent infectés par la putréfaction de leur venin, le<br />

monocéros, par la vertu qui réside en sa corne, purifie merveilleusement les eaux…<br />

On applique [cette image] à juste titre au Christ baptisé qui, semblable au fils des<br />

34 Andrea Bacci, De Monocerote seu Unicornu Tractatus, Stuttgart, 1598 (1566),<br />

pp.90-95.<br />

35 Martin Luther, “Predigt vom verlorenen Schaf”, 25 août 1532, in Schriften, éd.<br />

de Weimar, t.XXXVI, p.274.<br />

36 Pline l’Ancien, Histoire naturelle, liv.VIII, 22.<br />

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