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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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«De forme et figure fort diverse»<br />

La seconde partie de cette dissertation aurait pu à elle seule porter son titre,<br />

Histoire de la nature, chasse, vertus, proprietez et usages de la lycorne. Laurent<br />

Catelan y décrit tout d’abord la licorne «authentique». Abordant les mœurs de<br />

l’animal, il s’attarde longuement sur les moyens de le chasser afin de se procurer la<br />

précieuse corne. Il en vient enfin à son domaine de prédilection, la pharmacie,<br />

convoquant d’innombrables autorités pour confirmer les propriétés merveilleuses<br />

de la corne solitaire.<br />

«Pour représenter et dire, satisfaisant au second article, que cette rare et<br />

admirable bête, selon Pline après Ctésias, est de forme et figure fort diverse et<br />

étrange. Car de corpulence elle est comme un cheval, de crin comme un lion, de la<br />

tête comme un cerf, des pieds comme les éléphants et de la queue comme les<br />

sangliers ordinaires, portant au beau milieu du front une corne de forme diverse, à<br />

savoir selon quelques uns de couleur baie obscure, ou de couleur d’ivoire et<br />

lyonnée, ou selon d’autres de couleur noire et contournée en quelque manière,<br />

finissant néanmoins en pointe aiguë. Inter supercilia cornu uno eodemque nigro,<br />

non levi quidem sed versuras quasdam naturales habente, atque in acutissimum<br />

mucronem desinente (Élien) 41 . S’accordant néanmoins tous en cela que les cornes<br />

de licorne sont presque toujours longues d’environ deux coudées, droites en haut<br />

élevées en telle sorte que cette bête semble en être grandement superbe et<br />

belle 42 .»<br />

On reconnaît sans difficulté dans la licorne de Catelan le monocéros de Pline,<br />

qui est d’ailleurs cité en marge de ce passage. Le procédé, pratique mais imprécis,<br />

consistant, pour décrire un animal inconnu, à le ramener à ses différentes parties<br />

pour en faire une sorte de puzzle naturalistique était passé de l’Antiquité au Moyen-<br />

Âge. Le développement de la gravure a permis de décrire autrement, et plus<br />

précisément, les nouveaux animaux découverts ou redécouverts au XVIème siècle,<br />

tatou ou rhinocéros, mais faute de modèle réel, les représentations de la licorne<br />

sont restées tributaires des descriptions antérieures, et notamment du texte de<br />

Pline. Seul ajout de Catelan, le crin de lion ne se trouve ni chez Pline ni chez aucun<br />

41 Elle a entre les sourcils une corne noire, non pas lisse mais annelée (ou<br />

spiralée), et finissant en une pointe très aiguë. Élien, Histoire des animaux, XVI,<br />

20.<br />

42 H.L., p.10.<br />

-80-

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