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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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Le discours sceptique du premier orateur ne comprenait aucune référence<br />

religieuse; celles ci sont assez rares, il est vrai, dans l’ensemble des conférences du<br />

Bureau d’Adresse. Son contradicteur ne se prive cependant pas d’aller chercher<br />

dans la Vulgate l’ensemble des passages où apparaît la licorne: «Mais cette autorité<br />

et toutes les susdites ne sont pas considérables à l’égard de celle de l’Ecriture<br />

Sainte, en laquelle il est dit, au Deutéronome 28: “Ses cornes seront comme celles<br />

de la licorne”. Et David au Psaume 22 parle ainsi: “Délivrez moi Seigneur de la<br />

gueule des lions, et mon humilité des cornes des licornes”. Et au Psaume 29:<br />

“Aimé, dit-il, comme le faon des licornes”. Et au Psaume 92: “Ma corne sera<br />

exaltée comme la licorne”. Esaïe chap. 34: “Les licornes seront avec eux, et les<br />

taureaux avec les puissants”. Et au chap. 39: “Les licornes descendront comme des<br />

hommes preux”. Job en parle aussi au chapitre 29 de son livre. Ce que saint<br />

Jérôme interprète quelquefois le mot hébreu de Rheem, Rhinocéros, étant<br />

excusable, pour ce qu’en ce lieu-là il est parlé des cornes au pluriel, lesquelles<br />

attribuer à la licorne eût été impliquer contradiction 108 . Joignez à ces autorités<br />

l’expérience et l’exemple de tant de rois et de républiques qui n’estimeraient pas<br />

leur trésor bien fourni s’il n’y avait de la corne de licorne.»<br />

Abordant les usages pharmaceutiques de la corne de licorne, l’orateur<br />

défend avec vigueur la thèse des propriétés occultes, mais tente aussi d’expliquer<br />

plus rationnellement les vertus de ce simple. Il reste cependant assez prudent: la<br />

licorne n’est plus présentée comme un contrepoison universel, mais simplement<br />

comme un remède ayant, à un plus haut degré, les mêmes propriétés que les<br />

autres cornes. Cette thèse est assez proche de celle qui se rencontrait alors dans<br />

de nombreux ouvrages médicaux, qui recommandaient la corne de licorne et, à<br />

défaut, celle du cerf 109 : «La raison y est aussi, car la matière qui fait les dents,<br />

étant transférée à la génération des cornes 110 , et par cette métastase ayant acquis<br />

comme une sublimation qui la purifie, il est certain que toutes ces cornes ont une<br />

vertu alexitère, par laquelle elles combattent les fièvres, guérissent le flux de<br />

ventre, tuent les vers et servent d’une infinité d’autres remèdes à l’homme. Cette<br />

108 On pensait alors couramment que tous les rhinocéros avaient deux cornes,<br />

alors que ce n’est le cas que de la variété africaine. Voir sur ce point le chapitre<br />

suivant, consacré aux liens entre le rhinocéros et la licorne.<br />

109 Laurent Joubert, par exemple, conseillait l’usage de la corne de licorne «aux<br />

défauts de laquelle ceux qui seront plus pauvres pourront se servir de la corne de<br />

cerf, qui n’est de guère moindre à l’autre quant aux effets et propriétés.» Traité de<br />

la peste, Toulouse, 1581, p.66. Voir supra, p.113<br />

110 Cette thèse est empruntée à Aristote, Histoire des animaux, liv.II, ch.1.<br />

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