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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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peut avoir été de quelque jeune licorne d’Éthiopie, puisque le soleil y noircit non<br />

seulement les cornes des bêtes, mais aussi les personnes, qui sont les vrais Maures<br />

Abyssins, sujets du grand Prêtre Jean roi d’Éthiopie… 79 ».<br />

Sans doute était-elle de même nature que la «grande corne noire, ridée et<br />

un peu courbée, longue de quatre pans, que les uns disent être du Pacos, animal<br />

qui porte le bézoard, les autres de gazelle, et les autres de licorne éthiopique 80 »<br />

qui se trouvait à Castres dans le cabinet du collectionneur Pierre Borel. Laurent<br />

Catelan pouvait bien affirmer que la corne noire fièrement exhibée dans son<br />

cabinet de curiosités était d’une licorne d’Éthiopie, cela ne suffisait pas à lui donner<br />

la même valeur marchande qu’aux «vraies licornes», les belles défenses de narval.<br />

A la mort de l’apothicaire, en 1647, sa collection «consistant en toutes et chacunes<br />

les drogues, coquilles, poissons, statues, médailles, livres, curiosités, raretés,<br />

ensemble les étages, bêtes, tableaux, garde-robes, bois et autres choses qui sont<br />

dans ledit cabinet» fut en effet vendue en bloc pour 300 modestes livres 81 , alors<br />

qu’une seule défense de narval se négociait encore jusqu’à dix fois ce prix.<br />

Une rumeur, que nous avons déjà croisée, voulait que les belles cornes de<br />

licorne des trésors royaux n’aient été en fait que des défenses d’éléphant<br />

habilement travaillées, «façonnées par artifice de quelques habiles hommes qui<br />

savent ramollir et allonger les dents des éléphants, les cornes de rhinocéros, de<br />

cheval marin, de Rohart qui est l’ivoire de mer» en «faisant bouillir l’ivoire dans<br />

une décoction de soufre et de cendres et de coquilles», ou dans «une décoction de<br />

racine de mandragore 82 ». Mais, nous assure Catelan, «que les belles cornes de<br />

licornes que les rois et les monarques ont dans leur trésor soient factices, cela est<br />

absurde de l’alléguer. Car que tous les drogueurs du monde s’assemblent pour<br />

allonger et façonner l’ivoire ou autres telles cornes, je soutiens que cela leur sera<br />

éternellement impossible, quelque diligence ou secret qu’ils y apportent. Car ores<br />

on puisse ramollir un peu les cornes dans l’eau bouillante ou par autres artifices sus<br />

allégués, ce n’est pas à dire pourtant qu’on les puisse allonger et façonner pour<br />

faire de pièces si belles comme est celle qui est à saint Denis… 83 »<br />

79 H.L., pp.54-55.<br />

80 Catalogue des choses rares de maistre Pierre Borel in Les antiquités de Castres,<br />

Paris, 1878, p.148.<br />

81 Arch. Munic. de Montpellier; notaires du Consulat, BB 147, n° 13, Marye,<br />

fol.478 et 480, cité in Louis Irissou, “Quelques Montpelliérains collectionneurs de<br />

curiosités”, in Revue d'histoire de la pharmacie, déc.1947, pp.232-234.<br />

82 H.L., pp.42-43.<br />

83 H.L., pp.80-81.<br />

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