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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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Le polygraphe suisse s’est fondé, pour décrire quelques centaines<br />

d’animaux, sur ses observations personnelles, mais aussi sur d’innombrables<br />

sources écrites, parmi lesquelles l’Histoire des animaux d’Aristote, l’Histoire<br />

naturelle de Pline, les Etymologiæ d’Isidore de Séville, le De Animalibus d’Albert le<br />

Grand. L’ouvrage est exhaustif, se voulant un condensé de toute la connaissance<br />

d’alors sur le règne animal. Les créatures merveilleuses issues du bestiaire<br />

médiéval y figurent donc, mais l’auteur n’a besoin que de quelques lignes pour nier<br />

leur réalité, sans donner cependant clairement ses raisons. On devine cependant<br />

que c’est leur caractère merveilleux, c’est-à-dire leur non-conformité aux modèles<br />

animaux habituels, qui entraîne l’élimination du griffon hybride, des trop humaines<br />

sirènes, des harpies cauchemardesques et de l’unique et flamboyant Phénix.<br />

D’autres créatures mythiques, comme les satyres, sont assimilés par Gesner à des<br />

singes mal décrits. Dans une logique créationniste, où tout restait possible, on ne<br />

peut pas parler de principe d’actualité, mais plutôt d’un assez vague principe de<br />

similitude.<br />

Alors que les animaux réels sont tous figurés par une ou plusieurs gravures,<br />

les créatures mythiques se passent le plus souvent d’illustration. Cela permet de<br />

repérer aisément les quelques créations de la riche imagination des hommes qui<br />

sont passées à travers le filtre critique du naturaliste suisse. Le dragon, décrit<br />

comme un grand crocodile à la queue puissante et dont certaines variétés<br />

seulement seraient ailées, est classé parmi les serpents, tout comme le basilic; la<br />

propriété qu’aurait ce dernier de tuer tout être vivant qui le voit est assimilée à une<br />

sorte de poison transmis par le regard. Gesner exprime quelques doutes quant à la<br />

réalité de la «lamia», sorte de succube qui attire les marins naufragés en ouvrant<br />

ses bras pour leur offrir sa somptueuse poitrine, avant de les dévorer<br />

sauvagement, mais considère cependant qu’il peut s’agir tout à la fois d’une<br />

manifestation diabolique et d’un quadrupède très réel 42 . Quant à notre belle<br />

licorne, il en donne une gravure très réaliste mais reste relativement prudent,<br />

avertissant d’emblée le lecteur qu’il «n’en sait rien de certain».<br />

Ces animaux connurent des destins variés. La lamia, définitivement rangée<br />

par les successeurs de Gesner parmi les légendes destinées à effrayer les petits<br />

enfants trop désireux de prendre la mer, disparut de la littérature scientifique. Le<br />

42 Contrairement à la licorne ou au basilic, absents ou presque de la littérature<br />

classique, la lamia de la zoologie de la Renaissance a une origine mythologique:<br />

Lamia était le nom d’une reine de Lybie. les enfants qu’elle avait eu de Zeus furent<br />

enlevés et tués par Héra. Lamia devient alors hideuse et se mit à enlever et tuer<br />

les enfants des autres femmes.<br />

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