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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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Il y a alchimiste et alchimiste<br />

Revenons un instant sur le Chariot triomphal de l’antimoine, traité de<br />

médecine spagyrique attribué à Basile Valentin. Nous y avons lu qu’une araignée<br />

peut se retrouver prisonnière d’un cercle tracé avec une corne de licorne. Rien<br />

n’étant plus pur que la corne de licorne, l’alchimiste explique cela par la théorie<br />

paracelsienne selon laquelle les contraires se repoussent. De même, les semblables<br />

s’attirent, ce qui lui donne la matière d’un second test: «Si vous jetez un petit<br />

morceau de pain pur, sans aucun mélange, dans un vaisseau rempli d’eau jusqu’au<br />

bord, et vous tenez la vraie licorne auprès de l’eau, sans la toucher, vous verrez<br />

que la licorne attirera petit à petit le pain à elle. Il est merveilleux que dans la<br />

nature une chose attire ce qui lui est similaire et repousse, fasse fuir, ce qui lui est<br />

contraire 96 .» Plus qu’un simple contrepoison, la licorne devient ici un véritable<br />

apotropaïque.<br />

Toute l’argumentation médicale de Laurent Catelan est fondée sur cette<br />

même théorie selon laquelle les semblables s’attirent, mais l’eût-il connu qu’il<br />

n’aurait cependant pas proposé ce test. En effet, à l’inverse de son collègue<br />

spagyriste, Catelan soutenait que la corne de licorne était extrêmement vénéneuse,<br />

ce qui lui permettait d’attirer à elle et d’absorber toujours plus de poison.<br />

De tous ces tests, qui nous donnent une image vivante des premières<br />

«expériences» médico-chimiques, il ne resterait bientôt plus grand chose. Voici ce<br />

qu’en dit, en 1689, l’édition française augmentée par le médecin Jean de Rostagny<br />

du très populaire Traité sur les erreurs vulgaires de la médecine de Jacob<br />

Primerose:<br />

«Je dis donc en terminant ce chapitre que comme l’expérience seule nous<br />

manifeste les propriétés de ces sortes de médicaments, il est bien aisé à ceux qui<br />

en ont quelque pièce, ou qui désirent en faire l’essai, de donner du poison à un<br />

petit chien, ou à quelque poulet, après quoi leur faire prendre de la corne en<br />

poudre, et s’ils ne meurent point il n’en faut pas davantage pour croire qu’elle est<br />

96 Basile Valentin, Currus Triumphalis Antimonii , Toulouse, 1646, p.52.<br />

On trouvera une description plus détaillée de cette expérience in Théodore<br />

Kerckring, Commentarius in Currum Triumphalem Antimonii Basilii Valentini,<br />

Amsterdam, 1671, p.81.<br />

-99-

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