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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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éjouir leur peuple par des spectacles de bêtes les plus rares, n’eussent plutôt<br />

oublié de leur faire voir des licornes s’il y en eût eu, que tant d’autres jusqu’alors<br />

inouïes. Mais quand il y aurait une licorne, je n’estime pas que ses vertus fussent<br />

telles qu’on les décrit, n’étant appuyées d’aucune autorité, non seulement<br />

d’Hippocrate et de Galien, mais des auteurs anciens 99 . Ce qui faisait dire au<br />

médecin du roi Charles IX qu’il eût ôté cette coutume de tremper dans la coupe du<br />

roi un morceau de cette corne, sinon qu’il profite de laisser quelque semblable<br />

opinion dans les esprits du vulgaire 100 .»<br />

Venant enfin aux tests censés distinguer la vraie corne de la fausse, tests<br />

déjà ridiculisés par Ambroise Paré qui disait les avoir consciencieusement<br />

expérimentés, l’orateur reprend là aussi l’argumentation du médecin des Valois.<br />

Ces expérimentations, modernes si nous les comparons aux méthodes purement<br />

livresques du début du XVIème siècle, étaient encore régulièrement pratiquées.<br />

C’est au nom du test des deux chiots, parfois remplacés par des pigeons, que bien<br />

des médecins du XVIIème siècle continuèrent à préconiser la corne de licorne, puis<br />

la défense de narval 101 . «Aussi les marques qu’on lui donne sont elles de même<br />

nature que tout le reste, équivoques, incroyables et ridicules. Car ils veulent qu’on<br />

discerne les vraies cornes de licorne des supposées par les bouillons que la<br />

véritable excite en l’eau lorsqu’elle y est jetée, ce qui est toutefois commun à tous<br />

les corps poreux, tels que sont les os, notamment ceux qui sont passés par le feu,<br />

comme aussi la chaux, la brique et telles autres choses où il a laissé des cavités.<br />

D’autres en font le discernement, donnant de l’arsenic à un coq ou petit chien. Ils<br />

font avaler ensuite de la poudre de cette corne, qui doit non seulement les en<br />

garantir, mais presque les ressusciter étant morts et cependant tout ce qui s’en<br />

recueille est que l’on voit mourir plus tard les animaux qui ont pris cet antidote que<br />

les autres. Ce qu’étant supposé arrive de l’astriction que toute corne apporte à<br />

l’orifice de l’estomac et des autres vaisseaux, qui diffère l’exhalaison des esprits.<br />

L’épreuve de quelques empiriques est encore plus ridicule, lesquels se vantent<br />

qu’ayant décrit un cercle sur une table et mis au milieu un scorpion ou une<br />

99 Certes, quelques lignes plus haut, l’orateur citait Élien et Philostrate. Mais il est<br />

vrai que les ouvrages de médecine classique utilisés à l’époque, ceux de Galien et<br />

Dioscoride essentiellement, ne mentionnent nullement la licorne.<br />

100 Ce récit était conté pour la première fois par Ambroise Paré dans le Discours de<br />

la licorne.<br />

101 Voir par exemple Moïse Charas, Pharmacopée royale galénique et chimique,<br />

Paris, 1682 (1676), pp.349-350.<br />

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